Dédié à Annie B. qui se reconnaîtra.
Une amie Facebook disait en voyant mes photos d’insectes « Que de patience pour prendre toutes ces photos ! »
Aussitôt, le titre d’un texte nouveau a surgi dans mon esprit.
Vite écrit sur le champ pour lui répondre plus longuement, plus précisément, plutôt que laisser commentaire laconique sur le lien social.
J’imagine que le mot « patience » dans l’esprit d’Annie avait une connotation laborieuse, c’est à dire une approche longue, une attente qui doit demander beaucoup de concentration et d’exercice physique en se baissant, se contorsionnant jusqu’au fourmillement des jambes pour réaliser le meilleur cliché possible.
Sans compter les ratages et les attentes pour rien, finalement.
Le plaisir se niche alors dans l’incertitude.
Eh bien, pour moi, tout le plaisir est là, dans la difficulté et l’attente longue.
Je suis capable de rester une heure ou plus au même endroit pour cueillir le moment propice à la belle image. Ce n’est jamais temps perdu. J’observe, je découvre des choses que je n’aurais jamais vues autrement, et parfois, cette découverte me détourne de l’objectif initial. Je m’en vais, alors, sur un autre chemin, sur une autre idée.
Avec l’expérience du photographe, mis à part avec mon appareil de poche qui ne me quitte jamais, toujours disponible pour l’imprévisible, je pars rarement à l’aventure ou après l’inconnu avec le gros matos, comme on dit.
Cela m’arrive, quelques fois, par temps de brouillard par exemple mais c’est toujours pour le plaisir. Le plaisir de voir pendre une goutte d’eau qui plie le brin d’herbe d’une manière originale ou surprendre un insecte qui s’abrite sous un épi…
Le plus souvent, je me rends sur place après avoir découvert quelque chose par hasard, sans intention préalable. Je file chercher mon appareil plus performant, en espérant retrouver la scène à mon retour. Si la bestiole a disparu, je fais un tour dans les parages pour ne pas rentrer bredouille. Il y a toujours un petit truc exploitable à condition de faire preuve d’imagination et de vista, bien entendu.
Mon plus grand plaisir, c’est d’assister à une scène inédite, insolite qui se déroule sous mes yeux alors que je visais autre chose.
Ces surprises, ces aléas, ces attentes pour rien, qui me conduisent à côté sur un autre spectacle, sont une réelle jouissance.
Et si je parle de spectacle, c’est que la nature est un spectacle dans la mesure où elle nous offre indéfiniment des choses étonnantes à découvrir…
Le jour où mon regard sera fatigué, où mon esprit sera à bout de souffle, où mes envies n’en seront plus, ce sera fini pour moi.
Il sera temps de partir pour éviter d’ennuyer les autres, inutilement.
Ce sera la fin d’une histoire.
Tant qu’il y a curiosité, tant qu’il y a à découvrir, tant que la nature sera source d’émerveillement et tant qu’il y aura patience pour pleinement savourer le spectacle environnant, il y aura plaisir et le plaisir est la source de ma vie…
D’épicurien avéré, je deviens facilement hédoniste…
Image en titre, j’ai découvert par hasard la galle du chêne.
C’est une excroissance dite cécidie provoquée par la piqûre d’un insecte pour y pondre ses œufs. (Probablement le cynips)
C’est en étant aventureux que l’on tombe amoureux de la vie !
Il est certain qu’un bon photographe du monde minuscule ne peut être qu’un amoureux fou de la nature et du coup un inlassable observateur. La patience dans ce cas se transformant en plaisir qui transparait sur les images 🙂