C’est ma période temps, mais aucune inquiétude, cela va me passer puis cela reviendra.
C’est ainsi, j’ai besoin de nourrir ma mémoire, de l’entretenir car je vis beaucoup de souvenirs.
Je n’ai retenu que les meilleurs, les mauvais je les traite à la débroussailleuse ou les vide directement à la poubelle du tri sélectif.
Certains se repassent des polars, vus et revus plusieurs fois, moi, je dispose de mon stock de films de ma vie. Ce ne sont pas des fictions mais ils m’aident à l’évasion lorsque, au-delà du réel, je m’en vais imaginer d’autres aventures.
Puis-je vous raconter une histoire saugrenue ?
J’en ai plein mes bagages, de moments impensables, avouables ou non.
C’est à la suite d’un commentaire qui m’interrogeait pour savoir quel mister j’étais.
Mister Simon ou Mister Simonu ? J’avais répondu « Mystère Simon ».
Voilà comment on nourrit, sans le savoir, mon inspiration, en m’évitant la panne d’idées.
Lorsqu’on s’intéresse au temps plus que de mesure, il y a toujours en filigrane, la mort.
Les deux sont liés.
Vous imaginez facilement, contrairement à l’aphorisme de F. Nietzsche « On peut mourir d’être immortel », que personne ne songerait plus au temps si nous étions immortels.
Un aphorisme dont je n’ai jamais su la réelle substantifique moelle.
J’ai même contacté un philosophe, spécialiste de l’auteur, un philosophe avec qui je conversais volontiers du temps de notre jeunesse… il ne m’a pas répondu directement sur la citation, m’invitant à faire moult circonvolutions en lectures, une démarche propre aux philosophes. Vous connaissez mon rapport à la lecture, il me semblait que « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » comme l’affirmait Nicolas Boileau. Apparemment non, il faut souffrir pour en savoir plus. Bon.
J’ai été déçu de cette réponse, il me semblait qu’il pouvait tenter un éclairage pour que je comprenne la teneur de cette assertion. Je n’en sais pas plus aujourd’hui, alors je m’étais construit un raisonnement élémentaire, logique en soi et dont je ne saurai jamais si je suis encore loin d’avoir saisi l’évocation nietzschéenne.
En restant terre à terre, je pensais qu’être immortel supprimait les sensations élémentaires, la peur et notamment celle de mourir. En creusant bien, avoir peur, au bout du compte, est toujours peur de mourir même si l’évidence n’est point immédiate. Si l’on n’attend plus demain puisqu’il n’existe pas pour l’immortel, à quoi bon avoir soif, faim, envies de toute sorte ? J’imaginais donc que l’immortel était mort durant son existence, une existence qui ne sert à rien sans les nuances et les aléas de la vie.
« On peut mourir d’être immortel » pourrait signifier « si t’es immortel, t’es mort déjà, il n’y a rien à vivre fors les émotions.
J’avoue que c’est simpliste comme explication et Nietzsche a sans doute voulu évoquer d’autres notions. Je n’en sais donc pas plus que ça.
J’ai toujours considéré que le chantre de « la volonté de puissance » était hermétique à comprendre pour le commun des lecteurs, autant que l’écriture de son nom est absconse, sans la mnémotechnie des trois consonnes qui se succèdent dans le sens alphabétique inverse.
Là, écrire NietZSChe devient jeu d’enfant.
Que m’a-t-il pris de digresser autant ?
Ce n’est pas de cela que je voulais vous entretenir ce soir… il faut toujours que je cabriole.
Je sais qu’une personne, lectrice parisienne, adore ces digressions dans mes écrits, elle sera enchantée aujourd’hui. Coucou ! N’est-ce pas…
Je voulais vous raconter une de ces folies qui n’arrivent pas tous les jours.
C’était la fin d’un mois d’août, nous étions sur le départ le lendemain matin et notre ami Louis dînait avec nous. Avec lui, les repas s’éternisaient, nous venions juste de franchir minuit, lorsque je lui proposai de le raccompagner par le chemin le plus long pour prolonger un peu un notre aurevoir.
Parvenus devant la grille du cimetière, il me vint une idée saugrenue, celle d’aller rendre visite à mon père pour le saluer aussi avant notre fuite vers Paris.
J’avais toujours peur de ne plus revenir et ce genre d’initiative n’était finalement pas si saugrenue.
Nous sommes restés assis sur la tombe jusqu’à trois heures du matin à parcourir et refaire les vies de nos aïeux.
Annie, pas très rassurée et surtout très remontée contre moi, s’était blottie contre ma poitrine, frémissant à la fois de frisquet qui courait dans la nuit étoilée et d’effroi au milieu des tombes et des croix. Les frissons qui rapprochent sont toujours les meilleurs 😉
C’est en visitant, sur le passage, toutes les tombes de gens connus, un souvenir par ci, un mot par là, que nous quittâmes sans précipitation, le cimetière.
Le matin, très tôt, il fallait s’en aller, j’avais salué les miens, je pouvais partir tranquille.
Tranquille non, je craignais de ne pouvoir revenir chez moi pour effectuer mon retour à la terre, c’était mon plus grand souhait, aujourd’hui accompli…
J’ai cette curieuse manie de parcourir le temps à l’envers, de faire « concomiter » passé, présent et avenir, pour avoir le sentiment d’avancer en me tenant à l’écart du mot FIN.
Et pourtant, il n’a jamais été si proche…
Ha! Je m’inquiétait un peu de ce dimanche blanc 🙂
Est ce que nous accorderions autant d’attention à tout ce qui fait les petits bonheurs de la vie si nous étions immortels? Est ce que nous entreprendrions autant de choses? Je n’en suis pas si sûre, c’est en ce sens à mes yeux que nous serions morts car dénués d’émotion. Comme je comprends votre crainte passée de ne plus jamais revenir chez vous lorsque vous partiez, ce terrible sentiment du « plus jamais, je crois que tout est là.
(le feu a bien fait son oeuvre sur la photo, mais tout repousse…)
Et si nous repoussions ailleurs ?
Non, je ne vais pas élucubrer sur la métempsycose !
Je pense aussi que l’immortel est sans vie.
Vous avez réveillé mystère Simon, un peu, un tout petit peu 😉
Photos semblables dans notre région. J’ai tendance à vitre chaque moment fort comme s’il était le dernier, tout en m’apercevant à postériori que j’aurais pu faire mieux.
Je ne suis pas certaine de souhaiter l’immortalité. Comme le dit Sartre ce n’est pas la mort qui constitue notre finitude : même immortels il nous resterait l’angoisse du choix qui fait qu’à chaque instant il nous faut décider et renoncer à certains possibles. Mais si la finitude n’est pas dans la mort, à quoi bon vouloir être immortels !!!
Je préfère une vie bien remplie mais qui se termine et de préférence avant la grande décrépitude finale………… mais tout ceci est dit avec légèreté, loin de toute frayeur !
Après je n’ai jamais eu de vraie peur de ne pas revenir chez moi puisque je n’ai guère bougé 😀 mais petiote dès que nous partions en vacances je rêvais de revenir très vite à la maison……….. et ce retour était un plaisir indiscible………….. mais je m’égare ! bonne soirée Simonu
Merci à Gibu pour le retour des hiboux qui sont vraiment trop chouettes … et grands sages de plus !
Impasse « on peut mourir d’être immortel » mais top pour l’astuce mémo du nom du grand homme.
Une explication de texte bien plus motivante : » mot Fin … n’a jamais été si proche … » ???
Que l’assertion soit philosophique et non descriptive ! Mystère Simonu …
Je ferai signe aux hiboux de se montrer demain 🙂
Pour le mot FIN, il n’y a ni urgence ni drame en vue, c’est une évocation du genre que vous suggérez, assertion philosophique. En prenant de l’âge, on y pense 😉
Merci pour vos commentaires, bonne soirée Sylvie.