Changer ?

Surtout ne change pas !
Et pourquoi changerais-je ?

Quelle drôle d’idée !

J’ai eu quelques déboires pour ne pas avoir mis de l’eau dans mon vin lorsque qu’on me demandait mon avis ou que je devais porter la contradiction, non pas systématique mais parce qu’elle me semblait aller de soi, en venant de moi, dans le fil d’une discussion.
On me dit dur, irascible et teigneux alors qu’il me semble suivre une logique que tout le monde ne supporte pas lorsqu’elle déstabilise un échafaudage bancal monté à la hâte ou construit patiemment sans en contrôler tous les points d’ancrage.
C’est vrai que dans de tels cas, je suis destructeur. Je n’aime pas perdre mon temps sur des pistes fausses qui ne tiennent pas la route…

On m’a fui donc. Certains sont revenus presque au galop. D’autres n’ont pas supporté en me faisant endosser la responsabilité de leur faiblesse.

Changer ? Je n’ai jamais pu, car cela me semble trahison de moi-même. La vie est ainsi faite, le plus difficile est de passer à autre chose, le temps s’y emploie à merveille.

J’ai un penchant très prononcé pour la solitude, je ne cherche personne mais accueille facilement qui vient à moi. J’ai cette faculté à détecter les francs, les sincères comme les tricheurs. Il me faut très peu de temps pour jauger. C’est presque une seconde nature forgée au cours d’un parcours que je trouve original et enrichissant…

Voyez, j’écris abondamment sur ces pages « blogales », peut-être plus que de raison, et puis… je publie au vent qui souffle. C’est ma manière de narrer une vision de la vie, avec pour habitude une illustration en remerciement pour celui qui passe. Des images parfois concordantes, en adéquation avec le texte, parfois sans aucun rapport autre que celui du plaisir à regarder une image. Une image qui raconte un regard sur la nature, le plus souvent. Elle ne surgit jamais de nulle part, elle témoigne d’un voyage parmi la faune et la flore des champs et des jardins. Un petit voyage, d’une petite heure parfois, qui laisse croire que je parcours le monde en arpentant mille fois le tour de la maison, tout simplement.
Mon imagination fait le reste en me transportant très loin dans des endroits que je n’ai jamais connus. J’aime cette solitude voyageuse, ce monde presque clos qui semble sans barrières et sans limites. Comment voulez-vous changer une âme qui flâne, une âme qui gambade, se perd et se retrouve toujours au milieu de joyeuses escapades ?

De nombreuses personnes sont surprises de constater cette propension à m’épancher ici. Avez-vous déjà songé à publier ? Pouvez-vous m’indiquer votre bibliographie ?
Ma bibliographie est nulle, rien, à part quelques fascicules traitant de questions pédagogiques directement sorties de l’observation au cours de l’aide portée aux enfants.
J’ai toujours fonctionné comme un chercheur inlassable, j’ai toujours observé, écouté avant d’agir, j’étais d’une patience incroyable. Je nourrissais ma recherche des échecs patents, cherchant à comprendre comment on peut en arriver là. J’entrevoyais des pistes pour en sortir, ensemble nous suivions un autre chemin, celui qui conduit à retrouver la route. J’ai construit des petits traités de vie, passés aux oubliettes car il faut être grand clerc universitaire pour être crédible. Perdus de vue, ils fourmillaient de richesses, de détails, d’approches inédites récoltées au cœur de l’action.

Songé à publier ? J’y ai songé, mais je crains d’y perdre mon âme en cherchant quelques milligrammes de notoriété. Je n’ai aucun goût pour les signatures et les dédicaces, je n’ai jamais rien vendu et toujours donné.

J’ai songé à laisser deux traces. Mon parcours avec les enfants en difficulté qui m’ont appris tant de choses sans le savoir. Leurs vies, leurs comportements, leurs tourments. L’expression de leurs difficultés, parfois comique, douloureuse le plus souvent. Leurs échappatoires, leurs fuites, leur adhésion, les réussites et les échecs… Des parcours de vie qui nourrissent d’autres vies. Cela peut être formateur avec un autre regard, le regard surpris par les choses de la vie. J’ai songé à laisser les souvenirs du village de mon enfance. Le monde des quartiers au milieu du siècle dernier. La petite histoire, des anecdotes qui nourrissent encore mon présent et perpétuent le sourire d’un homme qui déambule encore au bout de son chemin.

J’étais prêt à changer pour cela. Rassembler mes récits à condition que l’on m’épargne séances de signatures, je renonçais pour cela aussi aux droits d’auteur, juste un partage avec tous ceux qui portent un œil bienveillant sur ce parcours heureux.

Un comportement bizarre, sans doute, qui a effarouché, je n’ai jamais eu de retour à ce qui fut la demande d’un autre.

Et puis, le blocage ultime, comment voulez-vous publier alors que vous n’avez jamais lu un livre de votre vie. Non pas par bêtise mais par accident de vie. Un apprentissage laborieux et tardif qui a laissé des séquelles en m’interdisant les trop longs passages à lire.

Je picore, je sens où est l’essentiel et passe sur tout ce qui me semble rembourrage…

Pour le plaisir.

Vesce craque et coquelicots.
Chardons et lys blancs.
Lobélia.
Lys, campanules et sauge rouge, folle avoine (graminée)

8 Comments

  1. Quand on vous dit « ne change pas » c’est un compliment parce que l’on apprécie votre générosité (il n’y a qu’à regarder vos photos pour preuve) votre fantaisie et votre appétit de gourmet pour la vie.
    Pour ce qui est de publier, cela serait sympa pour vos petites-filles de réunir vos textes par thème en auto-édition, ce qui vous permettrait de sauvegarder un patrimoine tout en échappant aux signatures et tout le tralala qui accompagne. Le hic c’est que cela a un prix, surtout si vous voulez y insérer quelques photos…

    1. J’ai pensé à cela en me contentant d’écriture seulement.
      Vaste projet, je dois fouiller dans les 2100 textes existants sans me souvenir des titres.
      Vous savez, désormais, je suis un « velléitaire accompli » c’est pire que procrastiner dans la gamme des renoncements.
      Plus tard quelques images réjouissantes, l’affaire est prête, j’attends cet après-midi.
      Sans doute du déjà vu, mais cela me semble gentillet et agréable à regarder 😉

    1. Vous savez, je connais des gens qui à la faveur d’une publication… se prennent pour des écrivains et prennent des postures détestables lorsque vous les avez connus.
      C’est fou comme un rien vous monte à la tête et vous impose des allures pour faire plus vrai.
      J’ai vu des choses… n’en parlons pas !
      On voit à votre image, Gyslaine, que vous êtes celle que vous décrivez. 🙂

      1. Gyslaine, c’est bien que vous le fassiez et je n’ai rien à dire là dessus.
        Je désignais des gens que je connais et cela leur est monté à la tête.
        Demain, je mettrai une suite, un radotage pour ceux qui me connaissent et une découverte pour les autres qui suivent depuis peu, et puis… et puis, on s’amuse 😉
        Restez comme vous êtes, pour demeurer dans le ton du texte. 🙂
        Bonne soirée.
        Là, nous sommes dehors, il fait nuit, il y a du brouillard, le four chauffe encore, la belle vie quoi !

  2. J’ai un penchant très prononcé pour la solitude, je ne cherche personne mais accueille facilement qui vient à moi. J’ai cette faculté à détecter les francs, les sincères comme les tricheurs. Il me faut très peu de temps pour jauger. C’est presque une seconde nature forgée au cours d’un parcours que je trouve original et enrichissant…
    Si un jour vous prenez le temps de démultiplier votre seconde nature, y compris en la multipliant par des nombres impairs, des gens qui ont également d’autres univers, vous découvrirez qu’il n’y a pas véritablement de tricheurs dans ceux qui vous lisent et vous apprécient.
    Alors, s’il vous plaît, laissez votre tristesse dans un placard, vos lecteurs les trouveront, certes pleins de poussières, mais tous les lecteurs et lectrices (vous le savez parfaitement) sont des sorciers (et les éditeurs des manches à balai)
    PS: mais pas trop d’articles par jour, SVP, car on finit par se contenter de survoler, sans vraiment s’inclure. Avis personnel, à ranger dans le placard !

    1. Sans doute avez-vous survolé ou me suis-je mal exprimé pour ne pas faire trop long.
      Je n’ai jamais parlé de lecteurs tricheurs mais de gens qui viennent chez moi, dont je connais les motivations.
      Pour les éditeurs j’ai une expérience personnelle – un contrat exclusif de 20 années, aujourd’hui révolu, avec une grande maison d’édition – j’ai vu comment ça marche.
      Je passe sur tout le reste, on n’en sortira pas, je vous remercie tout de même pour le choix des mots, comme de l’usage des SVP, c’est un plaisir.
      Le temps semble se mettre au beau, je pourrai passer plus de temps au jardin que devant l’ordi…
      A votre place, il y a belle lurette que j’aurais cessé de visiter un blog poussiéreux qui sent le remugle.
      Un bon dimanche Karouge.

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