Faire ding dong !

Ou l’art de disserter pour faire du vent et regarder passer le temps…

Voilà une expression spontanée, surgie de nulle part, qui me plait : « faire ding dong ».

Contrairement au quiproquo qui vous induit en erreur sur un malentendu, une chose prise pour une autre, une méprise donc, « faire ding dong » c’est basculer d’une idée à une autre, sans se méprendre.
Bien au contraire, il s’agit d’un fait ou d’une idée qui verse sciemment sur autre chose sans qu’il n’y ait de rapport direct entre les deux. Seule une analogie supposée, criarde ou ténue, provoque volontairement ce basculement, à l’humeur de chacun.
L’intérêt du « ding dong » c’est de faire tinter la clochette sur une impulsion personnelle qui ne ressemble à aucune autre. Chacun a sa manière propre de provoquer le contraire du « coq à l’âne » puisqu’on y trouve une similitude d’idée dans un coin secret de chaque esprit. A chacun son « ding dong », quand il veut, quand ça lui vient ou quand ça lui chante.

L’expression « faire ding dong » n’existe pas, je viens de l’inventer sur le champ. Aucune chance de la rencontrer un jour dans un dico, sauf, peut-être, si elle parvenait à l’oreille d’un québécois ou d’une québécoise. Généralement, cette dernière, enjouée, est plus friande et plus encline à user de ce genre d’images au sens caché au prime abord, seulement.

Nous étions à table et quelqu’un se souvenait que les décès d’enfants à la naissance ou en bas âge, étaient assez fréquents, il y a à peine une soixantaine d’années. Nous avions, dans notre voisinage comme dans notre environnement familial des exemples de cette fatalité d’alors. Dans ma famille, un frère et une sœur manquent à l’appel. Ils sont décédés, ma petite sœur de maladie, c’était plus fréquent, et mon petit frère d’accident. Ils avaient dix-huit mois à leurs décès, de quoi faire plonger dans la fatalité ou le mystère.
J’ai failli être celui du « jamais deux sans trois » en étant renversé puis traîné pendant trente mètres sous une Rosalie.
Une voiture du même nom que celle qui m’a donné la vie aurait pu me l’enlever. Cette fois-ci le dicton du « jamais deux sans trois » n’a pas fonctionné. Je suis l’exception qui confirme la règle ou qui ne confirme rien du tout.
De nombreuses familles étaient touchées. On se résignait et se consolait en disant que c’était le Bon Dieu qui les avait rappelés à lui. « Ils sont bien là-haut » affirmait-on. « Ils sont devenus des anges et veillent sur nous ». C’était plus supportable que se rendre à l’évidence des choses cruelles de la vie. Une part de malheur partagée, on se sentait moins seul ou moins visé…

C’est à ce moment de la discussion qu’intervint le « ding dong ».
Un « ding dong » inutile et tout à fait dérisoire, sans intérêt, ça existe aussi.
Je me suis souvenu qu’à la même époque nous courions les nids. Nous savions de quel oiseau venait la ponte, nous étions capables aussi de reconnaître l’espèce à la couleur et à la taille de l’œuf. Souvent, mais pas à tous les coups, nous remarquions qu’un œuf disparaissait ou demeurait stérile. Puisqu’il fallait trouver une explication, nous l’avions énoncée une bonne fois pour toutes : c’était la part du serpent et donc celle de Satan, celui par qui le mal arrive. Pour les humains c’était le Bon Dieu qui appelait à lui et pour les merles le diable. Allez donc voir dans ces explications plus ou moins conscientes, plus ou moins avérées en ce qui concerne le serpent, s’il y a lieu d’en tirer des significations sujettes à psychanalyse.
Là aussi, le « ding dong » peut se mettre à tinter à toute volée… la voie est libre en matière de psychologie.

Voilà une idée à laquelle vous penserez chaque fois qu’un mot vous renverra à un autre par le fil le plus ténu qui soit ou par la plus grosse des ficelles. C’est ainsi que je passe le temps en faisant chauffer ma cervelle sans jamais la faire bouillir car si je pousse trop l’effervescence, vous pourriez me sonner les cloches en me faisant entendre un autre « ding dong » :
– Décidément, il est complètement timbré celui-là, sa cloche est fêlée et sonne « dong dingue !

Cela me fait sourire, m’amuse beaucoup et ne m’empêchera pas de continuer à « dingdonguer » par tous les chemins. Je cours après les idées, je saute de l’une à l’autre sans me préoccuper si le fil est le bon ou non. L’essentiel est de cabrioler…
N’est-ce pas le propre d’un esprit vagabond ?

Finalement « faire ding dong » c’est posséder un esprit malicieux pour rebondir sur les idées. Un esprit à sauts et à gambades, un soupçon de loufoquerie, d’extravagance pour accompagner le temps.
Au fond, n’est-ce pas ainsi que l’on amuse les enfants ?
Digue, digue, digue, digue, le « ding dong » des champs par le chant.

Oui, complètement givré celui-là, mais où va-t-il puiser tout ça ?
N’est-ce pas Dominique ? (Qui se reconnaîtra si elle passe par là)

Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’amour, il y a de l’humour… profitons-en !
A l’absurde songera qui voudra !

Image en titre : Quant le coquelicot se prend pour une rose en longeant le sauvageon (rejet) de merisier…

Le petit plus qui a raison :

Dinguedonguer souvent, ça fait du bien 😉

6 Comments

  1. Continuez à dingdonguer autant que vous en avez envie, c’est très plaisant pour le lecteur et pour le petit plus qu’hiboude, bravo 😉

    1. C’est curieux comme on se gourre facilement.
      J’ai hésité à publier cette extravagance et quand je me suis décidé à le faire, j’ai pensé à ne pas poster de lien sur FB.
      Je me suis dit, « ils vont fuir à la lecture du titre », d’autant que j’avais prévenu « Si vous n’êtes pas bien réveillé, restez tranquille, n’y allez pas, vous gâcheriez votre dimanche matin » un truc dans ce genre.
      Je me suis trompé, ceux qui sont venus ont souri et du coup, j’avais préparé un papier en images pour camoufler tout de suite, j’attendrai cet après-midi pour le faire 🙂 et comme le brouillard a tout caché, je vais chercher autre chose…
      Du coup, le volatile n’hiboude plus 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *