On pourrait parler de la minute pendant des heures.
Ce matin, je voulais publier des photos sur Facebook et voilà que la flèche matérialisant le téléchargement s’est mise en mode perpétuel alors que je pensais attendre une minute… ou deux. C’est ainsi que germent les idées.
L’oisiveté. Le vide. L’œil clos. La « bouche cousue ». Le « ferme ton bec » … Bref tout ce qui désœuvre fait place aux idées.
La minute de silence dure une éternité pour ceux qui n’en ont cure et une autre éternité pour ceux qui se remémorent. Alors, on la réduit à la trentaine ou quarantaine de secondes pour contenter tout le monde.
Vous êtes pressé ? « Minute, papillon ! », on n’est pas aux pièces ! Personne ne sait vraiment d’où vient l’expression. Je retiendrai la version qui fait référence à un barman nommé Papillon qui avait l’habitude de dire « Minute, j’arrive ! ». Ce sont ses clients journalistes qui ont immortalisé « Minute, papillon ! ». C’était parait-il avant la deuxième guerre mondiale.
On compte les minutes, on se décide à la dernière minute, on arrive d’une minute à l’autre, on patiente une minute ou deux… C’est important la minute. C’est bien mieux qu’une poignée de secondes lorsqu’elle est de plaisir, mais cruelle et pénible lorsque la douleur la fait durer des heures. Une minute de peur bleue ou d’épouvante c’est terriblement long aussi, interminable. On peut tout faire et tout dire en une minute parce qu’elle est élastique et étirable à souhait. Complaisante aussi, ça lui plait de franchir les soixante secondes imparties, lorsque ça lui chante.
Minute mon lapin ! C’est mieux que deux secondes avec la lapine et ça promet. C’est pas grand-chose mais appréciable tout de même.
Deux ou trois minutes de plaisir ça vaut l’heure plus que de l’or, ça va dans l’cœur et enchante le corps.
Vous trouvez que c’est long ? Non ! Epelez : mi-nu-te, ça dure trois secondes. Et pourtant, en soixante unités, si vous savourez, c’est une éternité…
La minute a fait beaucoup parler et beaucoup écrire. Voici quelques réflexions récoltées parmi les innombrables assertions qui évoquent ce peu de temps à la durée variable :
« Mieux vaut être couard une minute que mort tout le reste de la vie. » Audiard
« Une minute d’écart, ça peut se transformer en années de placard. » L. Goldberg
« Quand une femme vous dit : ça ne prendra pas une minute, c’est, hélas ! généralement vrai. » A. Capus
« Si les gens cessaient une minute de courir plaisirs et fêtes, ils périraient aussitôt. » Anonyme
« Ce ne sont pas les heures qui sont précieuses, ce sont les minutes. » M. Kauffman
« Ce dessin m’a pris cinq minutes mais j’ai mis soixante ans pour y arriver. » I. Sorente
« Il y a des gens si ennuyeux qu’ils vous font perdre une journée en cinq minutes. » E. Braben
Et puis celle que j’ai retenue pour la fin, ma préférée :
« Nous devons le prix de nos plus belles minutes à leur évanescence. » B. Shaw
Avec la minute, je me sens comme un poisson dans l’eau du temps qui passe, c’est ma marotte. J’aime cette eau qui coule dans le torrent de la vie. Une eau vive qui plonge, bouillonne, mousse, glougloute, clapote ou gronde, s’en va vers la mer ou stagner par endroits, croupir et puis s’évaporer.
J’aime le temps mon ami, mon ennemi final qui me conduit inexorablement vers l’oubli. J’aime toutes ces minutes qui tournent sur le cadran, ce mouvement perpétuel qui fait nos joies, nos peines, qui nous abandonne pour s’occuper des autres gens.
Ces « tic-tac » qui trottent pour faire une minute, un chapelet de minutes, des heures, des jours, des mois, des années…
Ce temps qui passe et appelle le vent qui efface la trace,
puis s’enfuit vers les siècles, les millénaires… sans savoir s’il existe une barrière.
Vous avez quelques minutes pour méditer cette pensée de hibou :
C’est samedi, le petit plus de fin de semaine.
Comment s’est achevé ce téléchargement minut. ieux ? je veux bien y aller mettre ma pétade mais « simonu » se délite dans le moteur de recherche.
Un post qui m’ayant incitée à faire une recherche sur la relativité du temps a donné cette réponse sibylline :
« Le terme dilatation du temps désigne un effet de la relativité restreinte selon lequel l’intervalle de temps entre deux événements mesuré dans un référentiel inertiel quelconque est toujours supérieur à l’intervalle de temps mesuré dans le référentiel inertiel où ces deux événements ont la même position spatiale. »
J’en profite au passage pour remercier wikipedia qui m’a vraiment éclairée sur ce sujet 😀 😀 😀
Amen ! Que Dieu bénisse l’auteur ! 🙂
Tout va bien.
Bon samedi Gibu 🙂
Il vaut mieux lire Simonu que wikipédia, c’est beaucoup plus drôle et au moins on comprend.
Etonnante photo, je me demande quelle était l’initiale et je suis complètement d’accord avec les zhiboux philosophes.
Ce qui est bon quand on ne travaille plus, c’est que les minutes ne comptent plus, on peut s’ en abstraire, étirer le temps, les oublier et faire durer les plaisirs autant qu’on veut. 🙂
Sans oublier la Minute de vérité (https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Minute_de_v%C3%A9rit%C3%A9)…
Par contre, il en existe une autre qu’il vaut mieux éviter tant elle est extrêmement droite (coin coin RN)….
Ah ! Krouge ! Infliger aux autres sa manière de penser, ne me convient guère, lorsque sa croyance devient savoir, je fuis.
La minute de M. Cyclopède me convient parfaitement car elle est liberté de penser.
PS: et la minute nécessaire de monsieur Cyclopède!
https://www.youtube.com/watch?v=YVrdlkGtlgw
Molliere françoise.
Bonjour Simon. Agréable cette minute à attendre si bien utilisée ! En outre, je viens d’apprendre d’où venait l’expression : Minute papillon.
Ce temps qui nous pousse toujours vers l’avant, ces minutes, je trouve qu’en avançant dans l’âge, on les savoure mieux. Plus lentement, comme un roudoudou qu’on laisse fondre sur la langue. Profitant de chaque seconde…la jeunesse est fougueuse, elle n’a cure de ces minutes. Elle piaffe, toujours impatiente.
Merci Simon pour cette jolie réflexion matinale. Voilà quelques-unes de mes minutes utilisées, comme j’aime.