Pan Sollacaro.

Tout un pan de ma vie vient de tomber en même temps que le dernier souffle de Pierrette.

Je nommais cette amitié, le pan Sollacaro.

Celui qui m’a conduit dans ses valises jusqu’à l’université niçoise était originaire de ce village. Vous connaissez sans doute toute l’histoire déjà évoquée de nombreuses fois dans ce blog.
Il a suffit d’un seul jour pour que Pierrette et Malo m’adoptent définitivement.
Une amitié qui dura jusqu’à la disparition de ces amis, je suis le dernier des Mohicans.

J’étais presque un clampin, un traîne cul les houssettes, un claque-patins dirait le poète Jean Richepin.
Je me donnais en spectacle pour noyer mon ennui d’avoir quitté mon village alors que je n’y étais pas préparé.
Nice était pour moi, un autre monde…

Il a suffit d’un soir et de quelques fariboles pour que ces gens me fassent confiance. Ils avaient détecté sincérité, un peu de désarroi, sans doute aussi.
Malo et Toussaint sont partis les premiers. Pierrette vient de les rejoindre aujourd’hui.

Il m’arrivait de faire la tournée avec Malo de minuit jusqu’au petit matin. Il livrait le lait aux alentours immédiats de Nice. Son épouse travaillait dans un hôpital, l’une rentrait lorsque l’autre dormait.
Je me souviens qu’elle pestait parfois affichant sa surprise et son incompréhension.
Elle disait : »Ce n’est pas possible, moi, je suis incapable de le réveiller, il suffit que Simon arrive et le voilà debout séance tenante ! »
Oh ! Elle ne m’en voulait pas, elle me regardait en coin en me faisant un clin d’œil. Puis elle riait.
Au fond, elle semblait heureuse de constater notre complicité.
Jusqu’au bout de sa vie, elle m’a toujours porté grande estime et amitié indéfectible.

Me voilà seul, de notre histoire niçoise. Le pan Sollacaro a tiré sa révérence.

Pierrette ! En arrivant dans l’au-delà, porte une ferme accolade à mes amis Toussaint et Malo, je sais que vous allez rire un bon coup à mon évocation.
Il en a toujours été ainsi entre nous, vous aimiez bien me voir entrer en scène pour faire un sketch, c’était mon estampille lorsqu’on s’est connus et cela a duré jusqu’à vos départs.

Je te devais cette pensée, tu ne pouvais partir sans que je te salue une dernière fois.
Lorsque ton mari est parti, je terminais mon évocation par  » A prestu amicu ! » (A bientôt mon ami !)

Voyez comme le temps passe vite, le temps est mon ami aussi ! Je n’ai jamais cessé de le surveiller…
Il voyage.

Image en titre : Quelques années plus tard, ils me rendaient visite chez moi.

6 Comments

    1. Notre histoire fut belle.
      Des gens qui m’ont secouru lorsque j’en avais besoin, notre amitié a duré jusqu’au bout de la vie.
      Merci Ibonoco

  1. j’aime à croire que cette amitié perdure de l’autre côté du miroir…. Pierrette valait bien ce message en tous cas.

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