Claude Papi.

Le 28 décembre 2013 toute la Corse se souviendra de lui, cela fera trente ans qu’il est parti.
La presse a déjà commencé à lui rendre hommage, moi, je me suis souvenu en retrouvant une vieille photo.
Je l’ai connu deux ans seulement, lorsque nous étions au lycée de Sartène mais cela a suffi pour rendre son image inoubliable.
Nous étions internes, et je revois les parties de foot devant la salle de sciences naturelles. Il venait d’arriver de Porto-Vecchio, nous n’avions jamais vu un footballeur de sa trempe. Lorsqu’on avait la chance d’être son partenaire, il nous arrivait de le regarder jouer tant il portait la balle avec grâce et facilité. Sur le même emplacement goudronné, il était le roi du « sou troué » capable de jongler de longues minutes. Seuls, ses copains de Porto-Vecchio pouvaient rivaliser un peu avec lui, les frères Roger et Robert Sauli notamment, Robert le plus jeune surtout.
J’avais un vague souvenir de lui à l’occasion d’une cuisante défaite en USEP. Son équipe porto-vecchiaise  avait étrillé notre équipe lévianaise 8 à 0 et ce n’est qu’en le côtoyant au lycée que je compris la raison de cette débandade. Il servait probablement de locomotive pour le club de sa ville, ce qui expliquerait la richesse et la qualité de son effectif. On progressait forcément à son contact. Certes, le réservoir de cette ville du littoral était plus large que le nôtre ; je reste persuadé qu’il aurait pu améliorer notre hargne de montagnards. On avait bien quelques pépites qui sont restées à l’état brut avec nos entraînements « sauvages », sans entraîneur pour canaliser nos ardeurs et exploiter au mieux notre potentiel.
J’ai eu la chance de jouer deux ou trois matches à ses côtés avec l’équipe du lycée. Quel plaisir de le voir presque au ralenti distiller ses passes au millimètre, crocheter pour expédier une balle brossée, en douceur, hors de portée du gardien. Des tirs travaillés qui semblaient s’arrêter un instant avant de se loger dans la lucarne ou dans un coin inaccessible. Outre son intelligence du jeu, il évoluait avec calme et, visiblement, prenait du plaisir à offrir ce spectacle.
Il était dans la vie comme dans son sport favori, toujours souriant, ne repoussant personne, ne faisant pas de mauvais tri, pouvant être l’ami de tout le monde.
La seule fois où j’ai eu ce plaisir d’être devant lui, c’était à l’occasion d’une course de fond. J’adorais cette spécialité, ce n’était pas sa tasse de thé. Je m’en souviens encore, c’est dire si cela m’a marqué… une histoire qui dépasse les 45 ans.
J’avais envie d’évoquer ce petit passage de son existence, la presse se chargera de rappeler son passé de professionnel attachant dont tout corse qui s’intéresse un peu au foot en connait un bon bout.
Voici la photo que j’ai retrouvée et rafistolée. Claude Papi se trouve entre mon frère Sylvain accroupi avec le ballon et moi, le plus à gauche. On devine Roger Sauli debout à gauche avec son pull losangé.
Ce jour-là, c’était une équipe d’élèves qui devait rencontrer celle des profs sur le stade de Foce à Sartène.

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