Ce matin, le ciel était couvert, il était temps de mettre le bois de chauffage à l’abri.
Ce qui était une simple formalité naguère est devenu une charge en prenant de l’âge.
Je me suis donc donné du courage en pensant aux stoïciens qui faisaient des mathématiques afin de s’extraire des contingences d’ici bas.
Ranger le bois en faisant ma mathématique fut ma première intention pour rendre la tâche moins pénible.
Je voyageais du tas de bûches à l’abri en activant ma pensée philosophe afin d’anesthésier les désagréments provoqués par les manipulations incessantes.
Des « va et vient » nombreux avec des charges assez lourdes, le bois de chêne est dense et pesant.
J’étais devenu stoïcien insensible à la pénibilité.
Je n’ai pas eu le temps d’éprouver la moindre douleur, mon esprit vagabondait et philosophait pour tromper le côté éreintant du rangement des bûches. Voilà bien une philosophie utile qui fait fonction anesthésiante la durée d’un labeur obligé.
J’ai réussi à m’extraire de cette charge peu réjouissante en promenant mes idées, fouillant les choses de ce monde.
C’est en levant la tête au ciel que j’ai failli m’étonner.
Tous ces nuages qui s’accumulaient tranquillement, masquant inexorablement le moindre recoin de ciel bleu, confirmaient mon initiative, m’annonçaient l’arrivée imminente de la pluie : « Tu as bien fait de mettre ton bois à l’abri ! » disaient-ils dans mes pensées. Le temps est ainsi, en suivant les saisons, il assure son métier météorologique.
Il est fort possible que nous soyons étonnés d’une action imprévisible et inattendue. Une personne nous surprend par un geste inhabituel que nul n’avait vu venir mais qui trouvera, tôt ou tard, son explication. C’est l’étonnement ordinaire, celui qu’on n’attendait pas dans l’ordre des choses de la vie. Il survient en dérangeant les idées « ronronnantes ». C’est l’effet de surprise ordinaire.
Entre un aller et un retour, regardant le ciel, devinant les étoiles lointaines invisibles le jour, l’étonnement est d’un autre ordre, je m’interrogeais, sans réponse possible.
L’étonnement métaphysique m’invite à un mode de vie, à l’humilité, à me forger une éthique pour ne point empiéter sur la vie des autres, à intégrer la notion de temps et vivre le carpe diem.
Je ne suis qu’un passant qui passe…
En charriant mon bois j’étais un autre Sisyphe qui ressassait des idées inlassablement, des idées qui n’en sont pas puisqu’elles conduisent toujours à la même conclusion : « Je ne sais pas ! »
Un « Que sais-je ? » ignorant et impuissant devant le grand étonnement.
Au bout de cette méditation, je me suis retourné vers mon rangement, j’étais satisfait, je ne ressentais aucune fatigue, aucune lassitude…
Je venais de quitter le monde de la méditation, j’ai vu défiler quelques jours hivernaux au coin du feu, j’entends bien m’égarer dans d’autres pensées perdues, le soir à la veillée.
Piocher dans l’eau ne me gêne pas, il me semble tutoyer des idées déraisonnables, des idées qui restent sans réponse après avoir beaucoup voyagé dans mes pensées.
Sans doute trouverez-vous gonflé ou peut-être totalement ennuyeux, de vous avoir invité à lire ces lignes.
Vous vous en fichez toujours de mes idées ?
Vous avez raison !
A chacun ses étonnements…
Le brouillard fait suite à la pluie, je fus bien inspiré… 🙂

Mes pensées du jour qui surviennent en touchant du bois 😉 :
(Elles sont donc intuitives et non mûrement réfléchies)
L’éthique est personnelle, la morale est collective.
L’éthique est intime conviction alors que la morale est une conviction imposée.
La morale indique le bien et le mal, l’éthique relativise en ne voyant pas le bien et le mal partout. L’une tranche, l’autre se méfie.

Advienne que pourra !
Je veux bien croire en la gestion de la douleur par la méditation mais attention demain aux courbatures 😉
Ceci dit je suis admirative quant à la quantité de travail accompli, il y a encore 5 ans j’aurais pu le faire mais aujourd’hui, méditation ou pas, j’en serais bien incapable.
(Admirative aussi des petits pois 😉 )
Ce n’est rien à côté de ce qui m’attend.
Entretien du jardin pentu, j’ai déjà dégringolé deux fois avec la débroussailleuse en marche, dans le ravin, et avoir un mal fou, position inconfortable, à me défaire de l’engin pour me relever 🙂
Je ne pense pas avoir des courbatures demain, je suis entrainé.
Les petits pois sont juste à côté mais il y en a quatre fois plus dans le jardin avec des fèves déjà très avancées aussi.
Pas de hibou ? 🙁
C’était jour de repos, je ne les ai pas vus de la journée.
Aujourd’hui peut-être (?)
Très mauvais temps, j’aurai le temps de rêver 🙂
Bonne Journée Gibulène.