Je me suis marié avec Annie, il y a très longtemps, à Nice non loin du lieu de notre rencontre, l’université de la Côte d’Azur. A la mairie locale pour le civil. Nos parents respectifs souhaitaient un mariage religieux, je n’y voyais aucun inconvénient malgré mon agnosticisme. C’était un choix par conformisme pour faire plaisir ou plutôt pour ne pas déranger.
Je n’avais pas imaginé la difficulté qui m’attendait. Je souhaitais, certes, faire plaisir mais préserver également mes convictions : passer par l’église sans confesse ni communion. Ce n’était pas gagné d’avance, je dus courir de nombreuses paroisses avant de dénicher le curé compréhensif qui accepta ce passage devant l’éternel avec toute ma sincérité. Les choses étaient claires et le curé d’Aspremont ferma les yeux sur les dogmes pour ne tenir compte que de l’aspect humain qui se présentait à lui. Tous les autres, chanoines et prêtres restaient intraitables, exigeaient une préparation suivie. Avec lui, nous sommes arrivés le jour J sans connaître le déroulement de la cérémonie. Nous avons été touchés par les chants d’une chorale qui louait l’humain. Une sorte d’accompagnement joyeux par des gens que nous ne connaissions pas.
Le soir même nous étions de retour vers notre île à bord d’un car-ferry, le vieux Napoléon me semble-t-il. La famille nous attendait pour une rebelote festive. Fatigués par ce « périple » de deux jours nous nous apprêtions à passer une nuit réparatrice.
Juste après minuit, un son de guitare s’éleva dans la nuit sous notre fenêtre. La maison était isolée, je n’ai pas compris tout de suite. D’interminables pizzicati et des sons connus firent cesser le cri des grillons qui anime généralement le silence de la fin août. Puis, une voix claire, pure s’éleva jusqu’à la fenêtre… Je reconnus le timbre particulier, aigu, de Xavier que l’on surnommait « Piuleddu » (poussin) : il nous distillait dans la nuit lévianaise sa mélodie préférée « Opium » avant d’attaquer « Cobra ». Nous nous accoudâmes à la fenêtre pour écouter, un long moment, la totalité du répertoire prévu pour cette sérénade. La tradition veut qu’on laisse patienter les chanteurs avant de les inviter à entrer à la maison pour finir la nuit en chansons. Déjà, Paul Pasquini était aux commandes de cette opération. Il avait tout organisé avec mes parents. C’est pourquoi, je n’ai pas été surpris de voir que tout était prêt pour la réception nocturne.
Ce fut une agréable surprise, un moment délicieux que je n’ai jamais oublié.
Quelques temps plus tard, nous avons été sollicités pour participer à un paridacciu juste à deux pas de notre maison.
Le paridacciu est à la sérénade ce que le bizutage est au cocktail de bienvenue. La sérénade est réservée aux jeunes mariés et le paridacciu célèbre l’union de secondes noces, généralement de veufs et veuves, ou de noces tardives. Le principe de surprise au milieu de la nuit reste le même sauf que l’orchestration est radicalement différente. Les ustensiles de cuisine, sonnailles et tintamarre remplacent les guitares et les chants.
Les tambourineurs de service arrivent en silence pour prendre place sous la fenêtre des nouveaux époux, armés de casseroles, timbales de toutes sortes, poêles, tout engin métallique susceptible de faire du bruit … Lulu le muletier se chargeait de la partition la plus harmonieuse, largement encombré de cloches et clochettes ordinairement portées par ses mulets. C’est lui qui donnait le ton et le vacarme pouvait commencer, tirant les vieux mariés de leur sommeil. L’orchestre intentionnellement et largement désaccordé s’en donnait à cœur joie jusqu’à ce que les amoureux tardifs, lassés de tant de brouhaha, se décident à ouvrir leur porte pour accueillir tout le carnaval. La fête pouvait commencer pour se terminer en aubade mouvementée après maintes libations.
Le voisinage avait tout intérêt, lorsqu’il était prévenu, à rentrer bassines, tôles… bref, tout instrument à percussion potentiel. Dans le cas contraire, il ne pouvait que constater les dégâts produits par une nuit païenne, presque satanique. Dans ces moments de frénésie, les bâtons qui font office de baguettes à tambour frappent sans distinction sur tout ce qui peut produire un bruit, avec une préférence pour le métallique.
De nos jours, les unions tardives ne surprennent plus personne et le paridaccciu est tombé dans l’oubli.
Si le mariage pour tous avait existé en ces temps-là, je crois que les plus fervents du paridacciu n’auraient pas manqué d’inventer « u pignatacciu* » et « u cazarulacciu *» pour les unions entre garçons ou filles.
Mais ces temps sont révolus et les ustensiles de cuisine ne résisteraient plus à un tel passage à tabac.
*1 Mot construit à partir de pignata=marmite
*2 La racine est cazarola=casserole.
Un « c » ou deux à « paridacciu, c’est un partage entre le texte et l’image. En fait, je ne pouvais recommencer le dessin pour corriger.
ce sont de beaux souvenirs ! les sérénades elles ont disparu n’est ce pas ? et c’est dommage!…je connais Aspremont,dans l’arriere pays niçois, Nancy habitait la bas et j’avais passé une semaine chez elle, et le soir lorsque les lumieres du village s’allumaient je disais à Nancy, »tu ne trouve pas que ça ressemble un peu à Levie »? c’etait un endroit charmant!!
Simon moi j’ai eus droit au paridaccio en aout 2009 il y avait une centaine de personnes c’etait bien organisé par J ean -jean Mondolini et bien autres il y avait tout le quartier beaucoup de jeunes du village car ils n’avaient jamais vu çà nous avons ouvert la porte tout etait prevu pour les recevoir sucré salé et boisons
J’ ai eus droit au paridacio en Aout 2009 une soirée qui restera un bon souvenir il avait ete organisé par Jean- jean Mondoloni , jean Bastesti et tant d’ autre ily avait plus de 100 personnes vieux des jeunes qui ne connaissaient pas çà une tres belle féte qui a fini 6 heures du matin