S’endimancher l’esprit.

C’était un mois de mars…

Lorsque vous êtes sur la dernière ligne droite, inutile de vous voiler la face. Toutes les « bêtises » du monde vous guettent et se déclarent plus facilement sur ce dernier chemin.
Ces bêtises fleurissent sur un substrat, sans doute devenu plus favorable, comme les champignons saprophytes profitent des végétaux en décomposition pour s’épanouir, se chapeauter comme il se doit.

On peut fanfaronner tant qu’on veut pour croire qu’elles n’arrivent qu’aux autres, le mieux est de se préparer et de se parer d’humour pour instiller son dernier carpe diem. Attraper chaque instant par la barbichette et même si l’on imagine qu’il n’en a pas, il suffit de l’inventer. Une barbiche c’est amusant, on peut l’empoigner et jouer à « Je te tiens… » sans se soucier de qui empoigne le plus fermement… puis faire risettes.

Aujourd’hui c’est dimanche, j’ignore de quoi demain sera fait.
Les vignobles commencent à se réveiller.
Les bourgeons frémissent, se gonflent et ne vont pas tarder à éclater. Ainsi va et vient la vie au rythme des saisons. Qu’importent nos humeurs, qu’importent nos joies ou nos tristesses, tout file sans état d’âme, est-ce le temps qui passe ou la vie qui coule dans le temps ?
Kif, kif bourricot !

Le jour est maussade, un jour banal qui ne rime à rien, très brumeux, ce matin.
Un brouillard léger mais suffisamment dense pour occulter le soleil, montait de la vallée très tôt dès les aurores. On devinait qu’il pouvait se trouer, s’évanescer à tout instant sous des rayons légèrement masqués, ces derniers jours hors de saison, ils dardaient fortement. Dans cette atmosphère un peu plus conforme à mars, la nature, encore endormie, semblait profiter d’un peu de fraîcheur et d’humidité car elle commençait à souffrir de la sécheresse hivernale.

Dans les chaumières des gens vieillissants, seuls, abandonnés à leur temps qui fuit et aux idées moroses, un rosé bien frais issu d’un cépage voisin est le bienvenu pour endimancher l’humeur. Une humeur qui glisse et menace de s’étaler de tout son long.

De quelle modération faut-il user ? S’interdire de rêver ? S’interdire de penser un moment, que tout tremble et rien ne bouge ? S’interdire de croire que le bonheur fuit et que mieux vaut le saisir un instant avant qu’il ne file comme une anguille ?

Aujourd’hui, je me suis endimanché. Non pour aller à la messe mais pour visiter les vignes du seigneur. Je n’ai point franchi la raison, je me suis endimanché l’esprit et c’est ainsi que vie morose vire un instant au bonbon rose …

Un dimanche joyeux ! Un jour qui passe et nous met en garde : N’oublie pas de vivre ! Tu vois, là-bas au bout du chemin, il n’y a plus rien, personne n’en revient…

Demain, après-demain, sont des jours incertains.
Un ami facétieux écrivait sur le miroir du bar « Le Progrès » : Demain on boit à l’œil.
Un jour qui ne vient jamais, demain n’existe pas.
Insaisissable, perpétuelle attente. Cette histoire date de mon adolescence, c’est dire si le temps a fui depuis belle lurette.

Un lendemain devenu aujourd’hui promet toujours d’autres lendemains qui chantent…
Un beau jour survient celui qui déchante.

N’oubliez point vos vieux,
Ce sont vos anciens,
Vos aiëux…
Vous l’imaginez bien,
Un jour vous serez l’image
De ces jeunes qui ont pris de l’âge.

En parvenant au bout de ce texte qui est la reprise d’un récit de l’ancien blog, j’ai le sentiment de m’être emmêlé les pinceaux des temps… Entre passé et présent la frontière reste floue, incertaine voire improbable. C’est très bien ainsi, c’est tout à fait dans l’état d’esprit de mon évocation.

Ah, ce Simonu !
Je le sens dans le dos, toujours avec son Kodak collé à l’œil.
Et puis ne l’écoutez pas trop, il va vous saouler !
Moi, je me tire !

7 Comments

  1. Et justement le fait de mélanger le présent et le passé illustre parfaitement votre propos.
    Carpe diem Simonu, merci pour cette belle page philosophique 🙂

  2. Je vous assure que c’était involontaire, c’est l’esprit endimanché qui avait pris les commandes.
    La page à venir est déjà prête, je suis sûr que vous allez aimer.
    Je me tâte entre ce soir ou demain matin 😉

  3. Oui, j’ai parcouru le jardin vers quinze heures et j’ai fait une petite récolte d’images pour deux sujets.
    Bon allez ! Vers 20 h ?
    C’est ok ?
    Affaire conclue !

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