A ceux qu’on ignore, honneur aux miséreux.

Hier matin, je parcourais mon jardin pour essayer de voir où je pourrais bien donner un coup de pioche. Je suis tombé nez à nez avec un champignon du genre volvaire. Un champignon pépère qui passe sa courte vie, tranquille comme Baptiste. Il est tellement banal et insignifiant, sans goût particulier, qu’il n’intéresse aucun mycophage.

Généralement, on passe à côté sans s’attarder. Les connaisseurs, traqueurs de giroles, d’amanites des César ou autres cèpes, le savent. Ils filent sans lui jeter le moindre regard. La volvariella, c’est son genre apparemment, en matière de mycologie mieux vaut se méfier, rien ne ressemble plus à un champignon qu’un autre champignon, peut vivre sa vie sans se faire remarquer jusqu’à produire ses spores roses qui vont perpétuer l’espèce, en toute quiétude. Si son intérêt culinaire est faible, comestible sans force particulière, il n’a pas le goût du luxe non plus. Il porte un simple chapeau d’abord blanchâtre passant au brun léger, sans chichis contrairement à certains autres qui paradent en chapeau pointu, chapeau charnu, et son pied tubulaire tout aussi ordinaire n’arbore ni anneau, ni bague coulissante. C’est presque le va-nu-pieds des champignons. Ce claque patins qui vivote dans l’indifférence générale, ce loqueteux sans loques, ce traîne-cul-des-houssettes sans pantalon, aurait certainement inspiré Jean Richepin.

Il se la coulerait douce parmi les herbes folles, rases de l’automne, si quelque imbécile passant par-là, ne lui assénait un coup de pied ou ne l’écrasait bêtement.

Aujourd’hui, j’en fais sa fête, une occasion d’honorer le banal.
Voici donc quelques photos prises hier au crépuscule et ce matin.

Volvariella es-tu là ?
Oui, je suis la variété honteuse, comme d’autres misérables, je vis sur les matières en décomposition. Des végétaux en putréfaction ça profite, on me dit saprophyte.
Entourée d’herbe le plus souvent…

Vous avez entendu ? Elle parle en plus ! On aurait tort de l’ignorer.

Vous l’avez compris, ce n’était pas un traité de mycologie, juste un regard amusant sur ce champignon qui impressionne plus par son nom que par l’intérêt qu’on lui porte.
La confusion est possible avec le rosé des prés mais ce n’est point le propos, une fois de plus, je m’en friche.
J’ai passé ma vie avec Rationnel, Logique et l’autre, Esprit Scientifique, je viens de quitter ces trois personnages pour prendre quelques libertés.
Sentez-vous cet air vif et caressant qui monte de la vallée ? 🙂

Je n’ai rien d’autre à faire qu’à promener mon regard sur toute cette flore et cette petite faune qui nous entourent. Je vois du beau partout, là où d’autres accusent tristesse et platitude.

La saison des semailles est encore loin… alors, je glande.
Je glande pour passer le temps.
Je glande, assurément.

Bien que peu recommandable aussi, l’amanite panthère, entre celle des César, excellent comestible et la phalloïde, mortelle, sait tenir son rang : un regard peu engageant…

2 Comments

  1. Ha ha! La dernière photo 😉
    Un bien bel hommage à cet ignoré, cet oublié. Tout dépend du regard que l’on porte, c’est ce que nous disions hier et vos très belles images lui confèrent toute sa noblesse de simple.

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