U cateddu muntaninu. (La salamandre)

Chaque jour qui nait à la campagne est un émerveillement.

On ne sait jamais, en se levant tôt, sur quelle surprise on va tomber.

La nuit a été pluvieuse.
Ce matin, le jour hésitait à se montrer. Était-il frileux au point de retarder son lever ?
J’étais sorti pour aller au fond du jardin ouvrir le poulailler. Un brouillard épais rendait l’atmosphère plus opaque encore. Une atmosphère légèrement frisquette et très humide.
J’ai dû attendre que la luminosité m’éclaire le chemin et puis, après tout, les poules pouvaient attendre encore un peu, elles sont sans doute mieux à l’abri sur leur perchoir.
La brume s’est levée assez rapidement, me voyant déjà dans la cour, elle a peut-être jugé utile de prendre de la hauteur.

En ouvrant la barrière, je suis tombé pile sur une salamandre de bonne taille.
Une sorte d’athlète amphibien aux couleurs très clinquantes et contrastées.
Un jaune d’une pureté de nuancier à son meilleur éclat et un noir brillant, profond, d’un charbon très pur, vernissé quasiment vitrifié.
Je n’avais aucun risque de la piétiner tant elle se détachait de son milieu pourtant obscur.

Heureusement, j’avais mon éternel compact dans la poche mais il ne fut pas d’un grand secours.
Il a fait ce qu’il a pu, poussant sa performance jusqu’à créer un peu de luminosité.
On est toujours surpris des possibilités de ces petits appareils.
Moi, je ne voyais que sombritude.

Après quelques images floues (que j’ai effacées) nées d’une vitesse trop lente de l’appareil couplée au mouvement du batracien qui se carapatait, je suis allé chercher un Kodak plus performant.
(Batracien urodèle : qui possède une queue contrairement aux grenouilles qui sont des batraciens anoures, sans queue)

Voici donc les clichés d’un matin sombre et crachinant, un jour d’octobre naissant : La rencontre avec une salamandre.