L’entretien quiproquo.

Au risque de me faire siffler ou bien plus…

  • Combien de temps faut-il pour faire une pipe ?
  • C’est très variable, tout dépend de la longueur et de la taille, quoique les petites ne sont pas les plus rapides à réaliser.
  • Vous voulez dire que longues ou courtes, grosses ou fines, les pipes prennent toujours un temps imprévisible au début de l’action ?
  • Oui, c’est ça, on ne peut pas savoir à l’avance, il faut toujours faire ça avec amour, c’est le plus important. Il ne faut jamais être pressé, si vous bâclez votre pratique, elle sera ratée. Vous savez, y a pas de mystère, c’est comme tout, la réussite est au bout de la belle ouvrage.
  • De la belle ouvrage dites-vous, est-elle forcément dans l’application, dans l’exécution délicate, il ne faut donc jamais brusquer, jamais se forcer ou forcer l’affaire ?
  • Vous avez tout compris, de la délicatesse avant tout, on imagine la réalisation finale, c’est en anticipant que l’on parvient à réussir les meilleures pipes.
  • Les meilleures ! Est-ce à dire que les meilleures sont réalisées sans crier sur les toits, allez disons du bout des lèvres ?
  • Non, pas du bout des lèvres, on reste bouche bée, on ne pipe jamais mot sur la réalisation en cours. On œuvre inlassablement en silence pour mieux aller au bout des choses.
  • Vos réalisations sont multiples, j’imagine, vous êtes un vieux de la vieille, mais avez vous souvenir de votre meilleure réalisation, celle pour laquelle vous pourriez vous épancher encore ?
  • M’épancher non, à part dire qu’elle était parfaite, on ne revient pas dessus lorsque l’œuvre est totalement satisfaisante. On sourit en y repensant et puis c’est tout. Généralement, on ne l’a plus sous les yeux, elle est partie trop vite mais elle reste à jamais dans la mémoire.
  • Je crois que nous avons à peu près fait le tour des pipes à mettre entre toutes les lèvres…
    Pour conclure, qu’est-ce qu’une bonne pipe selon vous ?
  • Une bonne pipe c’est celle qui tient bien en bouche, tout le monde vous le dira. Un bec ouvert mais pas trop, des lèvres bien marquées, une tige et un tuyau solides, le foyer ou fourneau bien culotté et surtout avec bonne prise des doigts. Pour être plus concret disons que cela peut aller du brûle-gueule à tige très courte, à la bouffarde en passant par la pipe calebasse toute en courbes pour ressembler à un S. Voilà en gros, il faut que chacun se sente à l’aise lorsqu’il avale un gros nuage de fumée avant de le rejeter tout en volutes…
  • Je vous remercie pour toutes ces précisions, il ne nous reste plus qu’à méditer sur vos recommandations avec une bonne pipe de Saint Claude.

    C’était l’interview d’un maître pipier sanclaudien.

5 Comments

    1. J’ai oublié de vous dire que j’ai bien passé une demi-heure pour réaliser les pipes en illustration, des glands frais et moins frais pour montrer que ce n’était pas du pipeau 🙂
      Voilà à quoi on passe son temps lorsqu’on s’ennuie… et alors, je m’amuse !

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