Un peu de légèreté c’est pas plus mal.
L’épicurisme mène à tout.
Parfois, on s’enlise dans des explications philosophiques pour expliquer une notion toute simple.
Prenons le cas de la « relativité des choses ».
Tout le monde a fait l’expérience de la cerise mûre en se fiant à sa couleur, au moins une fois par an au temps des bigarreaux.
Le procédé est toujours le même. On commence par lorgner la corbeille avant d’être tenté de piquer la burlat la plus écarlate. C’est automatique.
L’expérience nous enseigne que c’est sans doute la plus sucrée, la plus mûre.
Ainsi piochant dans le tas et avalant goulûment sans trop réfléchir, on associe la couleur la plus prononcée à la saveur agréable.
Chemin picorant, les plus écarlates ont été englouties, les couleurs se font plus pâles mais comme les plus prononcées en carmin ont disparu, on trouve toujours plus carmine qu’une autre. L’acidité prend progressivement le pas sur le doux sucré mais la mécanique ainsi lancée, nous entraîne dans un processus de plaisir dégressif toujours convenable. Lorsqu’il n’y a plus de rouge vif, un autre rouge vif persiste dans l’environnement immédiat par contraste avec les autres. Ainsi de suite, on décline les nuances jusqu’à épuisement total de la couleur de référence.
A la fin de l’opération, que vous arrêtez lorsque l’œil n’y voit plus que verdure acerbe, seules quelques unités uniformes dont on ne parvient plus à distinguer la moindre différence rosée gisent au fond de la corbeille. La relativité devient moins visible, on arrête tout. Parfois, il ne reste plus rien, l’affaire est close.
Vous avez sans doute déjà fait cette expérience et peut-être avez-vous pratiqué cette relativité sans le savoir ou en ayant un vague sentiment de la chose. Cela semble marcher avec tous les fruits rouges, les fraises permettent de s’entrainer une bonne partie de l’année, grâce ou plutôt à cause de la mondialisation qui tue les saisons et bien plus de choses.
Désormais, lorsque vous croquerez des cerises vous penserez que philosopher en mangeant est plus accessible que philosopher sans support culinaire, d’où le gros avantage d’un épicurien sur « qui ne pique rien ». C’est toujours plus parlant en se sustentant.
Les bigarreaux Napoléon sont plutôt orange et jaunes mais ça marche aussi, on trouve toujours un jaune plus orange que les autres et d’élimination en élimination votre corbeille n’aura aucun mal à se vider.
Si vous êtes au pied de l’arbre profitez-en pour faire un peu de sport en vous entraînant au cracher de noyau, vous constaterez que les noyaux des cerises les plus mûres sont plus indiqués pour battre votre record.
La cerise est philosophe, ne l’oubliez jamais.
On peut manger des cerises pour philosopher et méditer plus facilement en mâchouillant, rarement philosopher pour manger des cerises. Quoique… On peut toujours se demander s’il est raisonnable de se goinfrer pour comprendre la relativité des choses.
Le même procédé est valable avec le raisin, les figues et tout petit fruit qui se présente en grand nombre.
L’apprentissage pour détecter à coup sûr le plus mûr se fait sans aucune difficulté, inutile donc de passer par philosophie pour expliquer une démarche gourmande…
Epicurisme et gourmandise font largement l’affaire.
La cerise s’en fiche pourvu qu’il reste le noyau pour perpétuer l’espèce, les geais se chargent de les semer un peu partout…
Ha oui! Je veux l’histoire de la fraise à barbe! 😉
En parlant de cerises, j’ai remarqué que certaines variétés très claires comme la Napoléon sont plus sucrées que les rouges, quant aux burlats un peu molles, je leur préfère les coeurs de pigeon, toujours sucrées et croquantes que l’on ne rencontre plus guère il faut dire. Bref rien à voir avec votre sujet, pardon.
Le papillon écailles de tortue est extraordinaire!
Dans ma précipitation légendaire pour écrire, je me suis trompé sur la variété des cerises foncées, visible à l’image dans le saladier de droite. Burlat est plus poétique, c’est pour ça 🙂
Il s’agit de la variété « Van » pas molle du tout et délicieuse.
La cœur de pigeon plus croquante, je l’ai connue sur de grands cerisiers aujourd’hui disparus au village. On les appelait « i chjarasgi adoracci », un nom qui ressemble à ça.
Beaucoup de variétés anciennes ont disparu. Comme pour les pommes, il y avait les délicieuses « clochardes » toute moches mais bien plus savoureuses que les pommes calibrées et parfaites qu’on nous vend maintenant…
On dit que les pommes d’aujourd’hui ont perdu en plus du goût, plus de la moitié de leurs qualités nutritionnelles par rapport aux anciennes variétés.
Pour la fraise, c’était un clin d’oeil dans ma folie douce, je peux difficilement écrire un texte en brodant beaucoup. Les graines, les fruits en réalité, dit akènes, ont germé sur le réceptacle charnu, à la faveur de conditions particulières (chaleur et humidité ambiante ajoutée à celle de la pulpe). J’imagine…
Je l’ai nommée fraise barbue.
Bonne suite Alma 🙂
Vous auriez pu essayez de la mettre en terre à l’abri pour voir 😉
C’est bien la preuve que je ne pense pas à tout et puis trop de choses à faire 😉
Pour les variétés anciennes, je suis de votre avis et j’ai suivi cette info.
A reblogué ceci sur Histoires en folie et Animaux.