Sisyphe le bousier.

Depuis une semaine, l’endroit dégage une odeur de bouse de vache qui flotte à hauteur de narines. Des bouses aplaties comme des galettes, il y en a un peu partout sur le chemin qui mène à la maison.

Hier soir avant le coucher du soleil, j’ai croisé Sisyphe le bousier, qui roulait sa boule.
D’ordinaire, il prend appui au sol avec ses pattes antérieures plus trapues, plus solides, la tête au ras du sol et conduit son boulet avec ses pattes postérieures plus fines et plus longues.
Là, il se comportait comme un humain qui roule un tonneau.

Le bousier que l’on voit à l’image est dit pilulier. Il fabrique des boules, des grosses pilules, d’une sphéricité parfaite en fouillant dans la bouse de vache encore fraîche. C’est son repas qu’il compacte ainsi pour le rendre plus mobile, plus facile à transporter. Il cherche un endroit pour le cacher.
Certains bousiers attendent que la boule sont terminée pour attaquer le façonneur et lui piquer l’œuvre de son labeur. Des brigands, il en existe même hors du giron humain…

Tiens ! Là c’est pas mal, je peux planquer ma boule.

C’est ainsi, lorsqu’ils sont en grand nombre, que ces coléoptères, souvent noirs, nettoient le sol en éparpillant les déjections et le fertilisent en l’amendant de fumier. On dit que le bousier est coprophage, il se nourrit de matières fécales.
Certaines graines, ainsi véhiculées dans le paquet, sont placées dans des conditions idéales pour germer puis développer la plante.

Hum ! Il y a quelque chose qui gêne.

Je ne vais pas jouer au savant, je délivre l’essentiel, le minimum connu, il suffit de se rendre sur internet pour avoir des renseignements plus détaillés. Cela risque d’en rebuter certains car il parait que ce n’est pas si simple de distinguer les différents spécimens et les nommer correctement.
La description est souvent pointue et la méprise facile.
Je m’en tiens à l’essentiel, c’est beaucoup plus simple et moins risqué…
On est toujours à la merci d’une bêtise.

Pourquoi l’avoir baptisé Sisyphe ? C’est facile à comprendre, il semblait rouler son rocher inlassablement, franchissait difficilement certains obstacles, gravissait un endroit pentu, dégringolait au bas du relief et recommençait… En revanche, contrairement au mythe, il finissait toujours par trouver une solution.
Un monde presque mystérieux s’agite à nos pieds, combien se baissent un instant pour chercher à l’observer et imaginer à quel point il ressemble au notre ?
Cela s’appelle faire de anthropomorphisme mais que vouliez-vous qu’homme fit ?

Evidemment, après le shooting, j’ai laissé Sisyphe vaquer à ses occupations.
Des affaires rondement menées puisque, quelques minutes plus tard, je n’ai repéré aucune trace de son passage… et lui, introuvable.

Qu’est-ce qui gêne là ?
Je préfère chercher un autre endroit !
(Il a fini par reprendre sa position normale, il pousse en marche arrière.)
Tiens ! Des billes d’argile, des leurres parfaits !

2 Comments

  1. La nature est extraordinairement bien faite et le petit monde d’en bas passionnant à observer.
    Dommage que l’homme le détruise avec autant d’application en saccageant pour (croit-il) son bien être toute une biodiversité parfaitement organisée.
    Bravo pour le reportage et les photos et longue vie aux courageux Sisyphe!

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