Poules en gilet jaune.

Ce matin, lorsque j’ai libéré les poules du poulailler, il faisait encore nuit. Je devais aller voir Annie qui sortait d’une lourde opération, je ne l’avais vue depuis douze jours.

Mon ami Yvon, est arrivé de Toulouse pour me porter compagnie et faire tous les jours le long trajet Lévie /Ajaccio afin que je puisse rencontrer celle qui m’accompagne depuis quarante-huit ans. C’est formidable et peu courant. Il n’a rien oublié, c’est un ami fidèle, je lui suis reconnaissant. Nous passons des moments heureux comme aux plus beaux jours de notre jeunesse. Nous devisons dans les courants d’air, soufflons dans les éoliennes, nous nous amusons du temps et nous sommes contents. Un rien nous amuse, pour nous, un rien c’est beaucoup. On ne fait pas dans la légèreté absolue, nous repassons les vieilles années, les refaisons neuves. Certes nous n’avons pas inventé la poudre mais nous poudrons la vie de belles paillettes réjouissantes. Nous sommes heureux dans notre folie douce.

Aujourd’hui nous avons fait un périple pour retrouver Annie qui devait sortir de l’hôpital mais l’hôpital avait bugué. Je l’ai retrouvée très tard dans un centre de rééducation épatant. Un personnel au top. Tout était bouclé en un clin d’œil avec le sourire. Des gens sympas, bien dans leurs baskets et qui vous donnent envie de vous faire rééduquer même si vous n’en avez pas besoin. Ce centre se nomme I Molini.

 Nous sommes rentrés très tard, la nuit était tombée, je devais fermer le poulailler pour ne point donner de mauvaises idées au goupil qui rôde sous les chênes. 

Ma surprise fut grande lorsque débouchant au fond du jardin, mes gélines d’ordinaire perchées à leur place dans le poulailler étaient alignées et vêtues d’un gilet jaune. Elles me faisaient une sorte de haie d’honneur en caquetant à tue-tête : cotecoton ! cotecoton ! cotecoton !

Je ne les avais jamais entendues s’exprimer de la sorte. Je ne comprenais pas leurs revendications.

La rousse, la plus petite de toutes, celle qui fugue de temps en temps, était mandatée pour m’expliquer qu’elles saluaient la venue d’Yvon qui était revenu du continent pour accompagner un vieil ami dans son moment de solitude.

Aucun problème, je leur ai fait un simple geste de remerciement, elles ont ôté leur gilet citron vif et sont rentrées gentiment prendre place sur le perchoir. J’ai fermé le dortoir en leur promettant bon festin le lendemain pour saluer notre ami.

Les gélines sont malignes et généreuses aussi, elles m’ont envahies d’œufs, il ne me reste plus qu’à faire le tour du quartier comme un roi mage qui promet cakes, omelettes, œufs mollets, à la coque ou à la poêle, tout simplement.

Ce sont les gens heureux que l’on prend pour des fous…

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