Ne vous fiez pas aux apparences. L’aspect n’est pas très engageant mais je vous assure que c’est délicieux.
C’est toujours en parcourant le jardin que surgissent les meilleures idées. L’année n’est pas bonne, j’ai laissé le potager à l’abandon et lui rend visite quand ça me chante, juste pour passer le temps. L’herbe est haute, abondante, envahissante, omniprésente. Elle a pris le pouvoir sur les plantes cultivées, après les orages. J’ai aperçu six à sept aubergines blanches moyennes, je les ai cueillies avant qu’elles ne montent en graines. Les mélongines blanches sont plus tendres et plus délicates que les mélongènes violettes ou noires, plus fondantes aussi.
Ce passage par le jardin est toujours inspirant. On récolte ce que l’on trouve et l’idée suit. En ce moment, je récolte des figues. Les plus saines seront congelées, ce sera la surprise de Noël.
En regardant mes aubergines blanches, je me suis souvenu que quelques carottes attendaient leur tour. Ce fut facile de trouver une idée.
Dans une cocotte j’ai fait rissoler des morceaux de jarret de veau sans les fariner. A feu vif puis moyen, contrôlé. Des oignons émincés ont suivi la rissole pour accompagner la viande déjà bien encroutée, puis de l’ail et enfin les aubergines épluchées et coupées en gros dés. Les carottes grossièrement tronçonnées n’ont pas tardé à suivre. J’ai salé, poivré, mouillé avec un peu de bouillon de légumes, pas trop, un demi-verre suffit, les légumes vont expulser beaucoup d’eau. Du gingembre, du curry et de la coriandre en poudre, je couvre et je laisse mijoter une heure environ. Passé ce temps, on remarque que les mélongines se sont délitées, elles se sont compotées, devenues purée. A découvert, on force le feu le rendant plus vif et on réduit la teneur en eau sous surveillance permanente pour éviter de brûler la préparation.
Je vous assure que c’est délicieux, même si cela ne paie pas de mine. La réalisation du jour (image ci-dessous) ne comporte que des aubergines noires, on verra bien ce midi.
Pour finir, j’ai réalisé un flan sauvage. Sauvage, je veux dire inventé sur le champ sans me soucier de quelconque recette. Au pif, il m’arrive de faire des découvertes intéressantes. Ici, un entremets pas trop sucré. Voici mon embrouille.
Deux bonnes poignées de farine de châtaigne tamisée, quatre œufs et du sucre aux noisettes (quantité au jugé). Je fouette longuement le tout pour éviter les grumeaux. C’est le plus long à faire. Il faut que le mélange soit lisse et parfait. J’ai délayé avec du lait froid pour former une pâte de la consistance de celle à crêpes. J’ai enfourné au bain marie comme pour un flan, à 180° pendant une heure. Je vérifie la cuisson avec la pointe d’un couteau. Apparemment, l’ensemble est resté homogène, la farine ne s’est pas stratifiée. On peut chauffer le lait pour éviter cela, juste avant le mélange.
Voilà, j’ignore ce que cela va donner. Prenez des risques, ça fait passer le temps et les erreurs forment l’expérience, c’est pourquoi, je ne vous dis pas si c’était bon ou raté. Je verrai ce midi.
Allez donc avec la folie des choses, c’est sur ce chemin là que vivent les bonnes et joyeuses idées et que chante la liberté…