Image d’ouverture, « La nuit ».
Cela n’a échappé à personne, je vis dans l’ici et maintenant en l’assaisonnant fortement de passé. Mes souvenirs d’enfance constituent le sel et le poivre de ma vie. Je relève mon carpe diem d’images anciennes qui révèlent, en contraste, celles d’aujourd’hui.
C’est un va et vient incessant entre le vécu et le vivre. L’actuel qui se frotte constamment à l’ancien, toujours présent dans un coin de l’esprit. Je vis ainsi et cela me ravit pleinement.
Des projets tirés sur la comète, donc des idées de futur, j’en ai plein la tête. Dans mes moments secrets je vis dans les étoiles, dans l’utopie, dans le fantasme. Je vois des choses, des belles choses et je fais semblant d’y croire. C’est un autre plaisir, un impalpable que je palpe, un intouchable que je caresse d’espoir. J’imagine la beauté des choses étranges qui peut-être existent quelque part dans l’univers. Suffit-il de penser pour que le potentiel soit ? Je l’ignore ou plutôt je n’y crois pas. C’est la raison pour laquelle il me plait de voyager dans un imaginaire aux formes et aux couleurs de ma folie douce. C’est joli, c’est étrange et ça transporte dans des mondes lointains qu’on ne verra jamais.
Mais pourquoi donc, ne les verrons-nous jamais ?
Parce que je pense que le futur, celui qui nous attend tous, c’est l’absence, c’est le silence. C’est le vide, peut-être le néant. Mais le néant ne s’imagine pas. Il n’y a pas de repères dans le néant et si je le décris, je le jalonne de repères. Le décrire c’est faire un voyage dans l’absurde.
Le futur, on ne sait pas, on ne sait rien… Le passé, je sais et je chante ses moments qui m’ont enchanté. Entre le passé et le futur, je préfère le passé car c’est lui qui me fait savoir que je suis dans le présent. Le futur est un mot, une coquille vide que l’on remplit ou décrit à sa guise, on l’imagine. Il nous tire vers l’inconnu, perpétuellement, il nous leurre constamment.
Et puis un jour tout s’effondre, la notion de temps s’arrête pour nous. C’est ça le futur, un temps qu’on ne connaitra jamais. Demain est injoignable. Il fait partie du futur qui fuit devant nous et garde distance.
J’ai voyagé dans un monde plan. Un monde plat qui navigue dans l’univers comme un tapis rigide qui flotte sans jamais onduler. J’ai vu la nuit, l’aube, le jour et le crépuscule. J’ai vu le temps qui file, j’ai vu des êtres curieux qui tourbillonnent dans l’air sidéré, non sidéral. Ces êtres étranges me regardent sans me voir et se fichent de mes états d’âme. Ils sont dans un autre temps, là-bas où je n’irai jamais… J’ai enclenché l’imaginaire, il passe partout, lui seul gambade dans le futur…
J’invente des ailleurs en faisant mine de penser que le futur c’est ça.