L’école va mal dit-on. Chacun y va de son diagnostic puis de son ordonnance. Diagnostic de gauche, de droite, de l’intérieur (de
l’institution), de l’extérieur… bref il y a en chacun de nous un chercheur qui sommeille et de bonne foi. Ca fourmille tant, que les symptômes en foisonnent.
Voici pêle-mêle l’abondance des causes observées :Baisse des effectifs du personnel enseignant et surveillant, élèves en hausse.Enseignants mal formés, enseignement inadapté, trop de travail, programmes dépassés, inadaptés… Autorité bafouée.Rythme scolaire à revoir après avoir été revu et semaine mal organisée, horaires lourds… enfants fatigués, surmenés ou qui s’ennuient.Revaloriser le travail manuel.Etablissements vétustes qui ne donnent pas envie d’être habités.Parents responsables, enfants gâtés, mal élevés, autorité parentale inexistante…Banlieues, pauvreté, chômage… et tout ce que vous voulez.
Ajouter à cela que tout le monde a tout vu, tout entendu, tout compris…Mettez cela entre les mains d’Etats Généraux de l’Ecole et qu’en sortira-t-il?
On vient simplement de décrire l’état d’une société et non de l’Ecole. L’école c’est la vie et non la vie l’école.Est-il besoin de citer un tel ou tel sociologue, psychopédagogue… pour comprendre et expliquer le mal de l’école ?
Je me souviens, il y a quelques années, j’assistais à une conférence sur l’apprentissage de la lecture- le sujet est en apparence sacrément plus circonscrit– installé au tout premier rang. Ce n’était pas la première fois, je me doutais du contenu, à tel point que je commençais à somnoler lorsqu’un inspecteur de l’Education me pointa du doigt : « Vous, qu’en pensez-vous ? » Surpris et tiré subitement de mon sommeil naissant, je répondis sans aucune réflexion préalable : « Si vous continuez à prendre le problème de la sorte, je vous donne rendez-vous dans vingt ans pour la même conférence. » stupeur et surprise, commentaires… suivis par « Oui, vous êtes pessimiste… » Que m’avait-il pris ? Un instinct de survie à la honte d’être pris en flagrant délit de rêverie avancée. Un instinct d’élève car en général dans ce genre de réunion on se trouve infantilisé. Ma réflexion, je l’ai faite après coup. Oui pourquoi ai-je sorti cette presque vanne ? Je me suis trouvé une bonne raison : on ne parle que de lecture et jamais de lecteur. La lecture n’existe pas seul le lecteur vit. Et bien, quelques années plus tard, la personne qui m’avait pointé du doigt, et qu’en réalité je connaissais, se retrouve face à moi sur son estrade pour une autre conférence sur la lecture, et comme une sorte de tilt, me regarda et me dit : « vous aviez raison ». Nous étions en train de refaire le monde de la lecture mais pas celui du lecteur.
Pourquoi cette longue digression ? Parce qu’il me semble y voir une similitude. Parle-t-on de l’école ou de la société ? Je crains fort que présenté de la sorte, on ne se retrouve vingt ans plus tard ou moins dans des Etats Généraux pour parler de la même chose.
Aucune solution interne, propre à l’école ne sera satisfaisante. On y retrouvera les endroits névralgiques avec ses accalmies, ses soubresauts et ses tragédies. Ses moments éteints, acceptables, suivis d’éruptions.
L’école n’est pas finie elle nous siffle à l’oreille. L’entendez-vous ?
La société fait parfois la sourde oreille.