De l’art de s’épancher sur des choses qui n’intéressent personne ou comment passer quelques minutes ensemble sur du vent… Les gazettes sont remplies de mauvaises nouvelles, ici on sourit.
Le titre du jour, n’a rien à voir avec la zapette. Lisez plutôt « Tsapping » qui signifie faire du sport en piochant.
Par les chaleurs qui tapent dès le matin, ce sport s’apparente plus à un travail de forçat qu’à un jogging de piocheur.
L’appel du chemin qui mène à ma maison a fini par me décider car je n’ai obtenu aucune grâce pour avoir un peu de tuf ou du gravillon, en payant bien entendu. Tout le monde a fait la sourde oreille. Je me suis souvenu de l’ancestrale expression : « Aide-toi, le ciel t’aidera » en songeant plutôt : »Aide-toi, tes vieux os te diront ». Je suis assez résistant, capable de piocher des heures sans arrêter même sous un soleil ardent. C’est une chance, je ne crains pas la chaleur en plein labeur. Lorsque j’arrête, les pneus sont à plat et la batterie aussi, mais j’ai le moral requinqué, toujours content d’avoir encore un peu conversé avec la terre. C’était mon ambition pour la retraite. Certains me prendront pour un fou en apprenant que c’était une ambition. Bizarre ? Pas tant que ça puisqu’on m’appelle « l’extraterrestre » dans ma famille. J’ai fait la part des choses en coupant le mot en deux, « extra » par les idées et « terrestre » pour l’amour de la terre. Aucune prétention dans cette découpe, je suis un éternel enfant qui s’amuse de tout…
Ce matin, j’ai transporté une trentaine de brouettes mais je n’étais pas seul. Mon ami Louis qui possède l’art de la maçonnerie est un virtuose de la pioche aussi. Avec lui on est sûr que l’approche sera rationnelle et menée de main de maître. Pas question de piocher n’importe comment.
En revanche, contrairement à moi, il craint fortement les coups de rayons que Râ assène de bon matin. Il souffre, souffle et transpire à pleine eau comme une abondante rosée au printemps. Spingunighja comme on dit chez nous, un terme employé pour suggérer une viande qui suinte le gras sous l’effet de la chaleur, je sais qu’il en rira car pioche usant, nous nous racontons des vieilles histoires et ressortons un vocabulaire qui n’est plus usité de nos jours. Bref, nous repassons nos leçons anciennes avec ces vocables juteux qui concentrent un sens imagé en nous épargnant des phrases entières souvent nécessaires pour une traduction en français.
Un zàpping en riant sans jamais rechigner. De temps en temps, un os ou un muscle nous rappelle à l’ordre. Ce matin la pelle et le râteau n’avaient aucun scrupule et aucune pitié pour ma peau bien plus habituée à caresser le clavier ou toute autre chose plus frémissante.
– Mi mi sogu mucattu ! (Le frottement du manche m’a blessé la main)
– E sigura, marronu, zapponu, u rasteddu dinò ! Mordini mi ! (Bien sûr houe, pioche et même le râteau mordent)
Le midi arrive à point. Le rosé bien frais, lui, c’est pastis… nous sommes repartis pour une autre franche rigolade. La cuisine, vous pouvez me faire confiance, je sais comment apporter du plaisir, ce n’est pas l‘imagination qui me manque.
Ça chauffe d’une autre manière, le moment de repasser les vieilles anecdotes survient, c’est ainsi qu’elles survivent au temps et que nous passons le relais aux jeunes qui nous écoutent.
Voici une image pour les lecteurs qui ne me suivent pas sur FB.
(Cliquez sur les photos)
Le « faire ensemble » tisse des liens étroits entre ceux qui s’activent à une oeuvre commune. Bien sûr, il faut que le projet soit librement accepté par les partenaires, qu’il corresponde à des valeurs communes et laisse une part à l’autonomie des acteurs. C’est le cas dans le sport à titre d’illustration compréhensible à tous. Mais c’est aussi vrai pour le travail, je l’ai vérifié dans toutes les entreprises où je suis intervenu et à tous les étages de la hiérarchie. Tu viens ici de m’en fournir une sympathique illustration. A te relire