Je préfère donner le nom générique sinon, on ne s’en sort plus. Dans le cas qui nous intéresse, il s’agit probablement du sceliphron assez commun chez nous, également appelé guêpe de vase ou pélopée. Néanmoins, rien n’est moins sûr tant les variétés sont nombreuses mais le principe décrit est fidèle.
La guêpe maçonne est un insecte solitaire très élancé avec une taille fine comme un fil de fer. Vous en voyez sans doute jusque dans les maisons en repérage pour construire un nid en vase glaiseuse. Elle doit sélectionner son matériau pour façonner des habitacles solides sur divers supports. Des murs surtout, abrités de la pluie, ou à l’intérieur des habitations.
Sur cette image, la guêpe maçonne a élu domicile sur ma veste de débroussaillement un peu délaissée par ces temps orageux quotidiens. Pour l’enfiler, j’ai dû décrocher les bâtisses qui s’écrasent entre les doigts sous la forte pression tant la fixation est ferme.
Ces insectes remplissent leur construction d’araignées paralysées d’une piqûre faiblement dosée pour ne pas tuer l’arachide qui servira de nourriture aux larves plus tard. J’en ai compté neuf dans l’une d’elles. Lorsque le contenu est suffisant, la femelle pond un œuf sur le ravitaillement, ferme le nid au moyen d’un opercule et quitte les lieux définitivement. La larve qui naîtra s’attaquera au garde-manger inerte, mais encore vivant, jusqu’à devenir insecte parfait.
Ce comportement se perpétue invariablement avec les descendants, alors qu’ils n’ont jamais connu leurs géniteurs. Aucun apprentissage n’a été engagé et pourtant le mode de vie reste le même. Lorsque j’étais lycéen, notre prof de philo nous racontait le comportement du sphex (guêpe solitaire qui procède de la sorte) en nous précisant qu’il s’agit d’une programmation au niveau de l’espèce. Son cours visait à différencier des termes comme liberté, conscience, libre arbitre, apprentissage et éducation. J’ignore si l’évolution de la science a porté un regard différent sur cette curiosité de la nature.
J’ai réussi à isoler la larve fixée sur une épeire diadème, occupée à digérer les sucs internes de sa deuxième friandise, la première était, toute sèche, vide, au fond du nid. Devenu insecte parfait au sortir du nid, le sceliphron ne vivra qu’une saison après avoir invariablement accompli le même cycle. Entre dix et quinze œufs répartis sur autant de nids.
Il n’est pas rare qu’une guêpe coucou ponde son œuf dans le nid d’un sceliphron lorsque ce dernier s’absente pour chasser ses proies. Il se passe des choses intéressantes tout autour de nous. Il faut du temps, une observation fine et beaucoup de patience pour découvrir ces curiosités ambiantes.
Le sceliphron n’est pas agressif et pique rarement, pas de panique.
Plutôt que poster des images sur Facebook, j’ai préféré écrire ce petit résumé pour approcher le fond des choses. Evidemment, vous pouvez approfondir davantage ces connaissances en vous informant plus largement sur la toile ou dans un livre consacré à l’espèce.
On devine la larve occupée à se nourrir avant de l’isoler pour avoir une vision plus nette.
(Cliquez sur les images)