Tout un uni vert brunit.

La tendance actuelle est plutôt au roussi. Entre les incendies qui rongent le maquis et le soleil qui leur prête main-forte, la nature vire au brun dans les endroits épargnés par le feu, au poivre et sel entre charbon et cendre après le passage des flammes.

Il ne reste que le souvenir pour se remémorer les étés plus cléments. Des couleurs de saison lorsque l’eau, le soleil et la chaleur conventionnelle faisaient bon ménage.

La rainette a déserté le bassin et ses alentours. La menthe poivrée si florissante, qui lui servait d’abri ombragé et d’affût pour chasser les insectes, n’a pas résisté à la sècheresse.

La mante religieuse déjà camouflée dans l’herbe, bien avant le lever du soleil, s’en est allée vers d’autres horizons.

Le jardin est un désert, la sauterelle verte ne trouvant plus de verdure à sa convenance, a disparu aussi.

La punaise vagabonde semble résister à la chaleur d’un été devenu fou.

Le lézard hésite entre le vert et le brun, il ne sait plus très bien comment se vêtir. Il apprécie les rayons pointus qui tombent du ciel. Dans les parages surchauffés, il est le seul à se prélasser au soleil en faisant des pauses à l’ombre d’un trou de muraille.

L’araignée sauteuse est sans doute au parfum. Elle a vu la fumée ou a senti le brûlé dans l’air. Une odeur de cramé transmise par le vent pressé d’avertir toute la contrée. On dirait qu’elle porte le deuil d’une nature qui souffre et se meurt par endroits. Elle a sorti son habit de cendre pour se poster sur une feuille sèche et guette désespérément une proie de passage. Pour l’heure, rien ne bronche dans les environs.

Les Dupont et Dupond sont intrigués par le manège troublant et s’inquiètent :

–  On dirait que les hommes font n’importe quoi !
–  Je dirais même plus, ils sont devenus fous !

 Leur uni vert, d’ordinaire de saison,  n’est plus qu’univers inquiétant.

 

Les autres images. (Cliquez sur les photos)

 

1 Comment

  1. Au début des années 70 j’ai lu les avertissements du club de Rome en matière écologique. Je n’en ai rien fait alors ni grand chose en réalité depuis. Comme beaucoup, je n’avais pas imaginé que la planète autrement que comme une entité aux possibilités quasi infinie que le génie humain saurait sagement entretenir pour le bien de tous. L’avertissement du rapport Meadow allait assurément porter ses fruits ais-je certainement cru. Puis je suis passé à autre chose, plus égocentré.

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