Le grand balancier de la vie revient de l’autre bout de son va et vient.
Lorsque j’étais enfant, c’était le temps des églises, après quelques décennies, vaguement mise en jachère, la foi revient.
Le temps d’hier et celui d’aujourd’hui sont-ils à comparer pour ceux qui les ont vécus ?
L’éternelle chamaillerie entre le « c’est mieux aujourd’hui » et le « c’était mieux avant » est ridicule. Comment voulez-vous comparer un temps qui propose une technologie de pointe avec celle qui sollicitait essentiellement huile de coude ?
Comparer Kopa à Messi revient exactement au même.
C’est encore une affaire clochemerlesque entre ceux qui ont connu hier et aujourd’hui et ceux qui n’ont pas connu le même avant…
Je me souviens des jours anciens lorsque la famille était fourmilière avec un rôle bien défini pour chacun. Les uns aux champs, les autres aux tâches ménagères sans que personne n’ait le temps de glander pour juger. La mise mensuelle, parfois misérable, ne tombait qu’au prix d’un labeur suivi, souvent éreintant.
Les esprits moins frivoles, remplis du soucis des lendemains, vagabondaient dans les rêves de chacun sans trop s’éterniser sur le futile.
Les jardins ne produisaient qu’à coups répétés de bêche et de pioche interdisant tout dilettantisme, la vie d’une famille en dépendait. Les ânes, les cochons, les chèvres, les poules et les lapins peuplaient les quartiers, omniprésents, presque dans chaque foyer.
Les hommes s’habillaient de velours de bonne facture, chapeautés de feutres sombres et les femmes se vêtaient de toile solide, noire le plus souvent. Le respect du labeur engendrait le respect des autres, on se donnait belle image le jour du seigneur.
Les sacs de jute étaient remplis de haricots secs, de pommes de terre, les greniers regorgeaient de châtaignes pour nourrir les porcs, les caves sentaient bon la charcuterie qui séchait à température et hygrométrie idéales par une sorte de connaissance charcutière empirique. Les jarres et les caquelons conservaient l’huile d’olive, le concentré de tomates maison et le saindoux.
Les magasins en tous genres étaient légion, les ardoises fleurissaient pour les moins fortunés.
Etait-ce le bon temps ? Qui peut le dire et qui peut l’infirmer ?
C’était un temps dans le temps qui file, sans s’attarder sur les états d’âmes de ceux qui l’habitent.…
Ce monde actif et déterminé savait que rien ne tombait dans le gosier, venant tout droit de l’azur céleste. Pourtant, presque tous imploraient ce ciel. Cet inconnu que l’on sollicite pour se donner du courage en imaginant un ailleurs meilleur.
Le dimanche était jour de fête, jour sacré, jour du Seigneur. Les cloches sonnaient à la volée pour réunir tout ce monde éparpillé dans les quartiers, disséminé dans les vergers, les potagers, les oliveraies, les châtaigneraies… Les gens semblaient joyeux de se retrouver une fois par semaine seulement.
Des rencontres pleines de promesses toujours tenues, à ce que l’on disait. C’était la foire à la solidarité, l’occasion du partage, les retrouvailles avec le cousinage et la quête aux coups de main dans l’espoir de mieux accomplir une tâche à venir.
Une sorte de psychothérapie qui s’ignorait, à laquelle ce monde se rendait sans passer par le cabinet d’un psy.
A l’église, le grand docteur de l’âme déléguait ses pouvoirs à son associé d’ici bas, un prêtre, un chanoine dont l’efficacité redoutable opérait sur les fidèles du lieu saint.
Après le labeur intense, venait le temps du recueillement.
Dans le secret d’une église, à l’ombre d’un confessionnal chacun lavait son âme puis pesait ses sentiments restés en sommeil durant la semaine.
Aujourd’hui, j’ai voyagé dans mon passé en entendant quelqu’un affirmer : « C’était mieux avant ».
Une bonne occasion de me rafraîchir la mémoire et de sourire à mes temps heureux…
