L’union fait la force…mais le nombre ne fait pas raison.

            Après les sciences humaines ou flageolantes voici les sciences hésitantes. Elles le sont probablement toutes puisque toutes ont connu les balbutiements et, c’est bien connu, « la science avance à coups d’erreurs ». En entendant Claude Allègre, lors d’un débat sur le réchauffement climatique, dire en substance : « Ce n’est pas parce qu’on est nombreux à affirmer quelque chose que l’on a raison… c’est souvent le contraire qui arrive. »  Affirmation vérifiée lorsque nombreux sont ceux qui succombent au sophisme croyant pratiquer le syllogisme. Et là, une citation de Gaston Bachelard me cogne à l’esprit : « L’esprit scientifique doit se former contre ce qui est en nous et hors de nous l’impulsion et l’instruction de la nature. » C’est dire si l’approche scientifique n’est pas la chose au monde la mieux partagée. Cet esprit scientifique n’est pas donné à tous, il n’est pas inné, il se forme. Il s’acquiert en menant un double combat. Ce qui est en nous, l’impulsion de la nature, nos préjugés, nos projections, notre anthropomorphisme. Mais lutte, aussi, contre l’instruction de la nature, le spectacle, l’image, qu’elle nous donne des phénomènes. Comment savoir, d’emblée, qu’une bougie qui brûle, un clou qui rouille, un corps qui respire répondent à la même loi de l’oxydation, quelle soit lente ou rapide ? L’approche scientifique qui demande recul, mise en marge, mise en objectivité, n’est pas donnée à tous. Et pourtant, presque tous disent, affirment, savent, se prononcent sans se douter des déformations, approximations, insuffisances, erreurs, navigant plus dans « le croire » que « le savoir ». Ils pataugent et s’embourbent dans « la persuasion » alors que le savoir s’adresse à « la conviction ». Cette science est humaine lorsqu’elle est utile à l’homme, inhumaine lorsqu’elle se retourne contre lui et ahumaine. Les données des sciences exactes existent en dehors de l’homme qui ne fait que les découvrir. Ces capacités ne sont pas courantes et pourtant, à défaut de savants, bon nombre d’entre nous se déclare « sachant » tous les jours sans ne se douter de rien. Le doute, ce garde fou nécessaire.        

     L’homme est ainsi fait. Qui n’est économiste, pédagogue, agronome… politicien (c’est plus simple) à ses heures ? Et ses heures sont nombreuses. Tout se fait et se défait avec une facilité, une rapidité déconcertantes. C’est très visible en cette période de surchauffe préélectorale à défaut de climatique. C’est la bonne saison pour les « sachant ». Période d’activité paroxysmique, ils sont plus actifs, plus excités voire plus enragés. Les nombreux partis en présence  soufflent sur les braises afin de maintenir cette activité jusqu’au jour du scrutin. On appelle cela, la démocratie : « écoute ce que je dis et porte cette bonne parole ». Le droit pour le plus grand nombre de dire n’importe quoi… Dans la cacophonie, on entend les cris mais pas les voix… On organise des débats dont on sort comme on est rentré. Avez-vous vu, déjà, des débatteurs sortir bras dessus, bras dessous en ayant fait la synthèse de leurs idées pour une bonne symbiose ? Ces débats pour sourds ou plutôt pour ceux qui écoutent sans entendre, qui écoutent pour trouver la faille battent leur plein en ce moment. Chacun s’en félicite. C’est la démocratie… Personne ne demande de la fermer mais un brin de conscience serait le bien venu. 

                                    Ouf ! Tout ce monde va bientôt s’isoler pour aller voter.          

  Léo Ferré vient de bouger à l’instant :

                  « Je cherche la moitié d’un cul à botter.

                     Ils n’ont même plus d’cul les français !

                    Ils ont voté et puis après ? »                                  

 Après ? On recommence.          

  Et Brel bouge aussi, il  nous a entendus :

                 « J’arrive !

                   N’ai-je jamais rien fait d’autre qu’arriver ? »                                 

  On arrive toujours pour retourner ? Peut-être ! 

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