Tout est calme, c’est le silence complet, la porte grince malicieusement.
– Bonjour !
– Bonjour, bonjooour, bonjour…
– Heum heum !
– ?????????
– Atchoum ! Brouhouhou hou !
– Y a qu’un ch’veu ! (Sonnerie en musique antique) Je t’appellerai plus tard, je suis dans la salle d’attente là ! Clac !
– Titatitati ! Titatitata ! Ah, c’est mon tour !
– Hi hi hi ! Pardon, ça m’a échappé, pas fait exprès !
– Arrête de bouger !
– Je bouge pas, je me gratte !
– Ben, gratte toi alors et tais-toi !
– J’ai rien dit !
– Si tu as dit, la preuve, tu viens de parler !
– C’est toi qui me fais parler, pas moi !
– Chut ! Dérange pas les gens !
– C’est pas moi qui dérange c’est toi !
– Tu va prendre une baffe et tu l’auras méritée ! Ah, c’est notre tour ?
La vielle dame se marrait, même son dentier s’est décollé pour rire un coup. Elle a failli le faire chuter sur le parquet, elle l’a rattrapé à temps pour le remettre en place illico, d’un coup de paluche, vlan ! On voit qu’elle a l’habitude.
L’autre là-bas, n’arrête pas de lorgner sur moi, je m’inspecte, apparemment rien de suspect. Bien c’est comme ça, il s’ennuie, il cherche un appui.
A ma droite, la ménagère de cinquante ans s’impatiente, elle a croisé les jambes et fait son jogging en balançant celle qui est par dessus l’autre. Elle a dû faire ses trois kilomètres depuis que je suis entré.
Moi ? Je tue le temps aussi et fait des risettes à qui en veut. Pas de retour, alors je souri béatement en regardant le tableau « Y-a-bon Banania ». Ça existe encore ça ? Et là-bas « Uncle Ben’s » le riz ça fait pas rire. Ils vont avoir des problèmes avec SOS tu t’fous de moi !
Tintatin ! Plus que deux et c’est mon tour.
– Ah, ça été rapide ! Plus qu’un. Non, l’autre l’accompagnait, c’est à moi.
– Bonjour docteur !
– Bonjour, asseyez vous, comme ça va ?
– Ben, pas trop mal, ma foi ! Je me suis trompé, j’allais chez le coiffeur et distraitement, je suis arrivé ici.
– Faites attention à votre mémoire, y a pas plus précieux, ça vous évitera de passer sous un camion la prochaine fois.
– Merci docteur, combien je vous dois ?
C’était l’heure de la sieste.