Je sors d’une maladie qui m’avait obligé à rester chez moi pendant une dizaine de jours.
Je me rendais chez le médecin, très affaibli, presque chancelant.
Mes pas n’étaient pas très sûrs.
Lorsque je me suis accoudé à une rambarde, le temps que quelqu’un prenne les médicaments dans une pharmacie, j’ai regardé le ciel.
Il avait du vent, un souffle léger mais suffisant pour chahuter ma coiffure. Les cheveux en bataille, bousculés à droite puis à gauche, de sorte que me regardant dans la vitre d’une voiture, je ressemblais à un diable effarouché.
Au-dessus du Pinettu, les nuages étaient beaux, superbement dessinés, finement ciselés par un sculpteur invisible. Le ciel, en fond, était d’un céleste pur qui célébrait la vie. Je venais de renaître à l’instant en observant ce tableau qui, divinement, se présentait à moi.
En quelques secondes, j’étais revenu très loin en arrière.
J’avais quatorze ans et je sortais d’une pénible maladie.
Ma mère venait d’ouvrir la fenêtre, depuis longtemps restée fermée, et j’avais découvert le céruléen d’une fin de printemps. Je regardais ce même Pinettu qui faisait face à ma fenêtre. Le vent venait me caresser jusque dans mon lit, d’un geste touchant pour saluer la vie. Je renaissais, très affaibli, encore incapable d’obéir à un « Lève toi et marche ! » mais heureux de sentir sur mon visage la douceur de vivre.
Aujourd’hui, j’ai eu la même sensation.
Cela me fut facile avec ma faculté de voyager dans le temps au moindre appel de la vie.
Une vive émotion m’a profondément plongé dans une brève philosophie, une réflexion happée dans les nuages, absorbée dans l’azur du moment.
Je m’étais évadé du brouhaha de la grosse comédie qui se joue en ce moment dans notre pays.
Un énorme chaos où chacun a tout compris, où les traitres sont devenus des seigneurs.
Au lieu de Jeux Olympiques censés glorifier les belles valeurs de la planète, nous aurons droit à une olympique chienlit orchestrée par notre président.
C’est sous son règne que tout cela se produit, il semble ignorer la responsabilité du chef dans ce qui nous arrive. Il n’est même pas étonné, il fait mine de faire croire que l’enfer c’est les autres !
Cette vision qui m’est revenue en plein visage a tout gâché, arrachant à moi, la belle sensation venue du ciel…
La poésie fait triste mine, certains se chargent de la mettre en berne.
Je venais de renaître et me voilà revieilli.
Heureusement, c’est le temps des cerises.