En presque 30 ans, j’ai fait le tour de ce qui patientait dans ma tête depuis toujours et principalement le retour à la terre.
Le regard sur la nature, l’essentiel.
Cet art de vivre de mes ascendants, de mes aïeux que je couvais secrètement au plus profond de mon âme.
Aujourd’hui je suis heureux. Heureux d’avoir mué un souvenir, un espoir, en réalité.
J’ai tout réalisé, le jardin, l’exploration de la flore et de la faune et tout un pan de l’art manuel.
J’ai été, tour à tour, maçon, menuisier; cuisinier toujours. Parfois coiffeur, masseur, débroussailleur, piocheur, petit bâtisseur et planteur d’arbres fruitiers pour l’avenir. Des arbres issus de branches prélevées dans les environs immédiats, des variétés locales marcottées, bouturées, en espérant faire profiter ceux qui arriveront après mon départ.
Je suis heureux, j’ai commencé à faire le bilan. Un état des lieux pour tenter de savoir si j’ai oublié quelque chose… apparemment non, je peux finir tranquille.
Outre mes ouvrages, je cherche à concrétiser des expos.
Celle qui me tient à cœur concerne la petite faune de nos jardins.
Je vais l’intituler » Curieuses bestioles de nos jardins ».
Pourquoi bestioles ? Parce qu’il s’agit d’un mélange d’insectes, d’arachnides et de crustacés terrestres, découverts au fil de mes déambulations dans la nature.
Chaque matin, je partais à la connaissance de ces petits mondes qui sont à nos pieds et que nous ignorons le plus souvent.
J’ai vu des merveilles cachées, je souhaite les partager en espérant éveiller quelques consciences juvéniles, faire des émules.
Est-ce possible ? C’est compliqué, possible, je n’en sais rien mais l’aventure m’intéresse.
Si tout va bien, cette expo se tiendra au musée départemental du village et je compte l’offrir, à son terme, au collège de Levie, en espérant prolonger mon idée.
Je n’ai évidemment pas été exhaustif, il faut limiter pour de multiples raisons, on ne peut envahir un espace et ennuyer. J’ai donc retenu quelques bestioles aux comportements originaux dont le commun des mortels reste éloigné, ne se doute de rien.
Assez, me semble-t-il, pour éveiller une curiosité, ne serait-ce que l’envie de s’essayer à la macro, cela aiguiserait un regard. Intriguer quelques regards serait déjà très bien…
Si vous saviez, ces comportements, ces curiosités, ces extravagances parfois, vous en feriez philosophie, en tireriez haute modestie !
Voilà mon ambition, réveiller des consciences endormies, se pencher sur un monde parallèle qui nous ignore et que nous ignorons. Chaque bestiole joue son rôle, son utilité dans les petites harmonies qui nous échappent par simple ignorance.
Au cours de mes déambulations dans la nature, d’abord à la découverte de la flore, puis de la petite faune, j’ai donc rencontré des insectes que je méconnaissais jusque-là. J’ai fait mon apprentissage, non pas d’entomologiste mais d’identification élémentaire qui n’est pas à la portée de tout passant distrait.
Rien n’est évident, il faut creuser, ouvrir les yeux et s’émerveiller.
Ces découvertes ont suffit à mon bonheur d’apprenant. J’ai grapillé quelques informations sur leur mode de vie, je me suis informé.
Je me contente donc d’une curiosité banale et superficielle au fil de mes découvertes aléatoires, sans le regard d’un thésard qui vise l’entomologie.
Bref, lors de mes promenades scrutatrices, je cherche à connaitre, en toute modestie, cette petite faune qui nous accompagne incognito, dans la plus effacée des discrétions.
Voici quelques indices pour vous mettre l’eau à la bouche.

Le lepture porte cœur que vous pouvez admirer sur la photo en titre et ci-dessus, est un coléoptère qui butine et se nourrit du pollen des ombellifères, de préférence. Il pond ses œufs sous l’écorce des arbres, des chênes exclusivement.

Le clairon des abeilles fréquente également les ombellifères, on le découvre sur cette image visitant une inflorescence de férule. Il se nourrit de petits insectes et de pollen essentiellement. Sa reproduction est plus intéressante. Il s’introduit dans le nid des abeilles sauvages (rarement dans les ruches) et pond ses œufs afin que ses larves se nourrissent de celles des abeilles. Le clairon des fourmis, beige et marron avec les mêmes dessins, procède exactement de la même manière mais exclusivement dans les fourmilières.
Vous comprenez pourquoi, on les nomment ainsi.

Le clytre, ici le sexpunctata (il a six points sur ses élytres, celui dit des saules a des points plus gros) est souvent confondu avec une coccinelle par le commun des promeneurs. Son corps allongé et non hémisphérique, en forme d’éclair au chocolat, attire toute attention un minimum en alerte. Contrairement à la bête à bon dieu qui se nourrit de pucerons, le clytre préfère les feuilles, de saule pour celui qui porte le même nom.
Le quadripunctata a quatre points, le quadripunctonton et le « patati patata » qui n’existent pas, passent inaperçus… Juste pour vous montrer qu’il y a matière à dérision récréative avec ces noms d’artistes, beaucoup plus savants. 😉
La particularité du clytre réside également dans sa reproduction. On dirait que se reproduire demande imagination fertile, ce n’est pas plus mal… La femelle emmaillote son œuf dans une sorte de fourreau comme le ferait une araignée avec une proie, puis dépose l’emballage dans, ou très près, d’une fourmilière. Les fourmis s’en emparent pour consolider leur habitat et à l’éclosion de l’œuf, les larves du clytre se repaissent des déchets de la fourmilière mais également de la progéniture encore juvénile des fourmis (œufs et larves).Ci-dessus d’Artagnan, la coccinelle. Plus familière, je la présente juste pour l’originalité de l’image.
Un espoir pour l’éveil à la macro.
Ceci n’est qu’un aperçu de ces nouveaux mousquetaires coléoptères souvent méconnus. Je n’ai point besoin de conseiller ceux qui désirent en savoir davantage, ils chercheront d’eux-mêmes connaissance plus pointue sur le net.
Moi, je me contente d’arrondir un peu, je n’aime plus le pointu, je me suis ennuyé toute ma vie à vouloir l’être un peu trop.
Une once de poésie ou de légèreté n’a jamais nui à personne.
Pour vous promener dans un autre rêve regardez ce pentatome (alias punaise arlequin) qui semble passer entre des scuds. Nous reviendrons peut-être un autre jour sur le genre « Oh ! Punaise ! ».

Si tout va bien, rendez-vous donc à l’expo courant deuxième semestre 2024, j’y mettrai un brin de philosophie des sciences…
Bonjour Simonu ,
Un monde à part entière que nous ignorons , merci de nous le présenter .
Bonne journée 🌞 profitons du 🌞 soleil pour partir en observation sur le chemin ….
Bonne journée P. 🙂