Longtemps j’ai prêché le savoir et la connaissance minimale.
Mon esprit scientifique éveillait ma curiosité, inlassablement, je cherchais à comprendre, à expliquer, à déjouer les leurres et les idées reçues.
J’avoue que ce n’est pas de tout repos, d’expliquer des choses simples masquées par le spectacle trompeur de la nature. Une idée développée par mon philosophe préféré Gaston Bachelard.
Préféré car c’était un esprit scientifique, un observateur des lois de la nature, des lois troublées par le prime abord.
J’ai compris en suivant ses idées que ce ne serait point mince affaire d’atteindre le regard objectif sur les choses, débarrassé de l’impulsion et l’instruction de la nature. L’impulsion, anthropomorphisme truqueur, le spectacle de la nature, mystificateur.
Voir évoluer des syrphes sur des fleurs, n’est pas la certitude d’identifier l’insecte. Les syrphes sont des mouches butineuses à l’apparence guêpiforme ou apiforme. Leur mimétisme les fait ressembler à des guêpes ou des abeilles, leurrant le commun des mortels.
« Il n’y a de science que du caché » disait le philosophe du savoir ordinaire. Le savoir, il faut le débusquer, masqué sous des apparences qui ne révèlent rien de vrai au premier regard.
Le mystère de l’herbe de l’Ascension, facile à expliquer sans aucune connotation divine, une croyance à la résistance tenace. Tentez donc de dévoiler la réalité, on vous prendra pour un fou. Depuis belle lurette j’ai renoncé à toute explication scientifique.
Le croire, et l’idéologie sont ennemis du savoir et du comprendre. L’ignorance tranquille aussi.
L’image des tomates farcies, vous devez vous demander ce qu’elles font en illustration de cet article.
C’est volontaire, l’écriture de ce texte en découle directement.
Il était midi. Fenêtres et portes ouvertes, une guêpe revenait inlassablement à la charge, alertée par le plat qui sortait du four. Un fumet attractif, vous allez comprendre en poursuivant la lecture.
J’avais des voisins qui passaient leurs vacances à deux mètres de ma maison. Ils étaient souvent chez moi le soir, tout se passait bien jusqu’au jour où j’avais l’impression qu’ils boudaient. Ils maugréaient, j’en ignorais la raison.
J’avais planté une vigne vierge quelques années avant leur arrivée, elle fleurissait pendant leur séjour. De nombreuses abeilles butinaient, il y en avait une belle colonie très active.
Un jour, je compris quel était l’objet de leur bouderie.
Ils faisaient souvent des grillades le midi, un contingent de guêpes s’invitait au repas et les importunait. Il désignèrent le coupable, ma vigne vierge qui les attirait devant leur terrasse, disaient-ils.
Cela me sembla facile de leur expliquer que les abeilles ne sont pas carnivores, qu’elles se contentent de butiner sans jamais se présenter au-dessus d’un plat carné.
Je leur montrais que je pouvais les caresser durant leur mission « pollennienne », rien à faire, ils demeuraient hermétiquement fermés aux explications. Ils en voulaient à ma vigne vierge et me demandaient de la couper. J’ai fini par la supprimer car la période estivale devenait insupportable, invivable au fil des ans.
Les années suivantes, ils ont compris que les guêpes étaient attirées par l’odeur de la viande grillée et continuaient à venir par petits bataillons malgré l’absence de fleurs à butiner.
Pas le moins du monde désolés de m’avoir forcé à supprimer mon superbe ampélopsis. Ils faisaient la moue et restaient dubitatifs quant à mon explication.
On me disait trop savant pour être honnête, je passais pour un « embobineur ».
L’ignorance ordinaire comme l’obscurantisme n’engendrent pas la paix dans les voisinages…
Moralité :
Ne cherchez pas à éclairer les esprits faibles enfermés dans l’ignorance, par effet miroir le rayon lumineux vous désignera comme fou.