La vérité sort de…

Oui, d’où sort-elle ?

De la bouche des enfants, dit-on et « in vino veritas ».

Faut-il être un candide parfait sans passé et donc sans vices ou complètement bourré pour parler vrai ?
Sans doute, c’est plus facile, plus naturel moins réfléchi puisqu’on ne s’embarrasse pas des scories de la vie, on y va franco !

Mon vagabondage dans l’univers des choses de la vie trouve ses inspirations dans de multiples circonstances.
Je recevais le clin d’œil d’une lectrice avec qui j’avais une correspondance suivie.
Une dame universitaire, enseignante de choses scientifiques qui m’interrogeait sur un côté plus léger, la poésie, façon volatile de voir la vie, et la philosophie ordinaire.
Nous conversions ainsi, c’était récréatif pour elle, pour moi aussi.
C’était très agréable de recevoir, un peu chaque matin, un air primesautier venu d’ailleurs. C’est comme si l’on petit-déjeunait ensemble avant de passer aux choses sérieuses d’ici bas.

Prenant le mot « vérité » au bond, elle m’écrivait : « C’est sans doute une interrogation récurrente sans réponse ». Je n’ai pas eu à réfléchir longtemps, c’est aussi mon avis lorsqu’il s’agit de l’assertion philosophique.

J’en connais qui balancent pas mal d’aphorismes croyant asséner des vérités à tout va .
Cela m’agace un peu lorsque j’entends en préalable « Tiens, tel philosophe a dit… ». Cela me fait penser à ceux qui, pour être certains de pas être contrariés, vous sortent en préambule « Mon cousin qui est médecin –alors qu’ils n’ont pas de cousin médecin- m’a dit… », après, ils peuvent annoncer ce qu’ils veulent.
Oui, des préalables et des prétextes.
Aucune valeur ces trucs.
Le philosophe n’a jamais été détenteur de vérité… agitateur d’idées, un activateur de réflexion, pourquoi pas !

Pourtant, les aphorismes, j’en raffole et m’en fais l’artisan. Mais je m’amuse, je n’en fais aucunement chose sérieuse, encore moins une vérité. Tout au plus une occasion de cogiter un peu et chacun sautillera à sa guise.
Question de faire fonctionner ses neurones sans être certain qu’ils sont sur la bonne voie ferrée. Ça bouge sous les cheveux, c’est déjà un signe de vie…

Ne dit-on pas à chacun sa vérité ? Il dit sa vérité, ce qui signifie qu’il y a toujours une part d’ombre, une insuffisance, une version, un regard dirigé quasiment un parti pris.

Pourtant, il existe des réflexions condensées dans des aphorismes qui définissent parfaitement la réalité. Le factuel. C’est le cas dans le domaine du savoir et des sciences.
Gaston Bachelard (pour dire comme les copains citateurs) affirmait : « Il n’y a de science que du caché. Le savoir n’est pas évident et l’on doit se donner la peine de le chercher. L’empirisme commence par enregistrer des faits évidents, la science les dénonce pour découvrir des lois cachées. Découvrir est la seule manière de connaître et faire découvrir la seule manière d’enseigner. La connaissance est faite de ruptures et de mises en cause, non d’accumulations… » de doute aussi.

A Claude, je lui écrivais ceci :

« Alors, chère amie lectrice vous m’aviez donné l’occasion de réfléchir un peu plus sur les aphorismes. Ce fut presque instantané, je vous avais envoyé en retour la réflexion suivante :

Le vécu, le vivre et le vivant ne peuvent s’accommoder d’une belle phrase ni d’un entrelacs de mots aussi bien tressés soient-ils. L’aphorisme est une gourmandise intellectuelle au caractère éphémère une truffe ganache qui fond sur la langue.

Il n’y a là aucune vérité sinon une gourmandise de la vie, c’est du plaisir. J’ai dégusté ce chocolat, vite fondu certes, mais promettant d’autres fondants…
Là, vous avez définitivement compris que je m’amuse dans cette vie. Ai-je autre chose à faire ? Que sais-je ? Que sait-on un jour ?
Bientôt, je serai passé, devenu passé, temps révolu… en attendant, je savoure la vie.
Demain, je passerai vous voir. »

Cette dame que je n’ai jamais vue a conversé longtemps avec moi.
Elle avait projeté de venir me voir, il reste le souvenir vrai d’une réalité dépassée.

L’image en titre est un clin d’œil malicieux. L’aphorisme de service est pure invention et cette marquise n’existe pas. Pour que les gens qui passent s’arrêtent un peu, il faut leur donner matière à réflexion, fusse du pipeau !
« En tout homme, il y a une femme qui sommeille et en toute femme, un homme dort profondément. »
Pour pondre une idée pareille, je n’ai même pas eu besoin de réfléchir, il m’a suffit de suivre la musique d’une phrase. Peut-être une vérité profonde se cache sous cet air de pipeau… certains y trouveront matière fondée et très sérieuse, que dieu les bénisse !

Cette bestiole perdue dans une anémone de mer…
N’est qu’un bourdon butineur sur une fleur d’artichaut.
L’erreur ou le faux ne sont qu’à portée d’illusion.

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