Ce matin, à l’heure où les élèves de terminale planchaient sur Socrate, Platon, Kant ou Spinoza, je passais mon bac au jardin en totale liberté, sans aucune surveillance.
Je récoltais les petits pois avant les orages annoncés pour l’après midi, qui ne font pas que du bien…
Dans la tranquillité d’un potager, je philosophais entre réalité et relativité.
Seuls les jardiniers avertis comprendront l’angle choisi. Ma méditation portait sur la récolte du petit pois, c’est un réel sujet de réflexion.
Pour avoir pratiqué souvent cette action, à pareille époque les autres années, je me suis penché sur l’énigme des cosses de ces fabacées.
Lorsque vous passez une première fois devant vos plantes, vous avez l’impression d’avoir tout récolté. Puis, en revenant en sens inverse, en vous baissant ou en fouillant plus profondément, vous découvrez que vous étiez loin du compte. On a l’impression que de nouvelles cosses ont poussé entre deux passages. Vous en récoltez autant la deuxième fois et si d’aventure vous décidez de faire un autre aller-retour une bonne poignée viendra tomber dans le panier.
Finalement, je philosophais librement, en prenant bon air, aérant mon cerveau et me réjouissant par avance de bon repas à midi.
Cultiver son jardin au sens propre comme figuré, est la meilleure façon d’être au cœur du réel et cogiter utilement.
En ramassant mes petits pois, j’ai depuis belle lurette, compris qu’il faut prendre un peu de recul, revenir inlassablement sur les idées exprimées, explorer les pistes possiblement oubliées par manque de profondeur dans la réflexion.
J’imprégnais l’esprit de mes enfants de cette philosophie du recul pour mieux bondir à bon escient.
Ne point foncer sur la première idée surgie à l’esprit, mieux vaut balayer le grand espace idéel caché, avant de développer la pensée du jour sur laquelle on sera jugé.
Certes le temps est compté mais ce n’est point perte de temps que prendre un peu de retrait pour étoffer la réflexion.
L’avantage de la philosophie du jardinier, c’est que le résultat tombe aussitôt.
Après deux allers-retours, je regardais mon panier en osier et j’ai, illico, découvert ma note : 17,25 sur 20.
Epreuve philo réussie, quasiment bac en poche haut la réflexion, j’ai de quoi faire bonne cuisine haut la main.
Finalement, avec mes élucubrations quotidiennes, ne suis-je pas comme Monsieur Jourdain ?
Je philosophe sans le savoir, en attendant qu’un facétieux me dise « C’est la poule qui fit lo zof ! »
Bac écolo avec mention ! félicitations Simonu 🙂
Merci maître pour la mention, j’en aurai bien besoin.
J’attaque l’université ! 😉
Mine de rien, cette réflexion est plus profonde qu’il n’y paraît et mériterait d’être un sujet du bac.
Tout à fait autre chose : les grands chefs font des purées délicieuse avec les cosses de petits pois, lorsqu’elles sont toutes tendres comme les vôtres. Une cuillère de crème, fleur de sel par-dessus et c’est le bonheur assuré 🙂
Oui, comme vous dites avec mon air innocent, mon côté sautillant laissant croire dérision, C’est exactement ce que vous dites.
C’est matière à bonne réflexion, c’est sérieux sous une apparence futile.
Vous l’avez bien détecté.
Pour la cuisine, je pense qu’il doit s’agir de petits pois mange tout, les cosses sont bien plus tendres.
Là, il y avait la fumagine un peu partout, cosses trop coriaces finalement. Il faudrait récolter plus tôt.
Merci Al 😉