Hier était jour de funérailles, d’enterrement dirais-je, c’est plus conforme à notre vocabulaire local.
Ces moments sont avec la Toussaint les plus propices aux rencontres.
C’est valable surtout pour moi, car on me voit rarement et c’est l’occasion de retrouver des personnes perdues de vue, de faire des découvertes quand on me connait et que je ne connais pas.
– Mi tu es là ? Bouh hou, ça fait un bon moment que je ne t’ai vu. Comment vas-tu?
– Je vais bien et toi ?
– Ça va, ça va…
– Eh ben, j’étais loin de penser à te rencontrer…
– Ah, c’est un enterrement, je connaissais bien la défunte et je voulais être présent…
– Oui, la pauvre, les quartiers se vident…
– La Navaggia, il y a belle lurette qu’elle est vide, c’est un désert.
– La Navaggia, tu te rends compte, le monde qu’il y avait avant ?
– Oui, oui.. C’est vrai, c’est vrai… Où tu es en ce moment ?
– Je vais et je viens d’Ajaccio au village. Ajaccio devient impossible, pour circuler et se garer, surtout reste chez toi, tu seras plus tranquille.
– Je n’ai pas l’intention d’aller à Ajaccio, c’est déjà un voyage d’aller au village, je reste dans ma contrée et m’occupe de mon jardin.
– Bonne occupation.
– Oui, mais je dois faire attention. Tiens, ce matin, je voulais débarrasser le bassin de toutes ses impuretés, il est plein à ras bord. Mon terrain est pentu et scabreux, j’ai failli tomber dedans, un faux pas est vite arrivé. En plus, je ne sais pas nager, tu imagines le risque ?
– Fais attention, va pianu pianu… Le jardin, ce n’est plus pour toi surtout dans cet endroit ! Des légumes il y en a au magasin.
– Oui, mais je préfère les miens, c’est un plaisir.
– Un plaisir, un plaisir, si tu trébuches et que tu passes à trépas ? Tu vois le plaisir ?
– Je vois, maintenant que tu le dis, mais si je vais jusqu’à Trépas, je ne verrai plus rien ! Trépas c’est juste à côté on peut y aller d’une chiquenaude !
– Ah ah ah ! Tu ne changes pas !
– Si si j’ai grossi, regarde, même avec une chemise ample, je ne peux dissimuler le bedon.
– Et pourquoi tu veux le cacher ?…
C’était pendant la messe, nous étions devant l’entrée de l’église, le ciel s’alourdissait et soudain, ce fut le déluge.
Ainsi , s’achèvent les discussions ordinaires, les futilités en vadrouille, les choses qui meublent maigrement le temps…
Les cumulonimbus en avaient assez de s’ennuyer en écoutant nos banalités et nous firent cesser en déversant des bassines d’eau sur nos têtes..
– Bon allez, tu as vu ce qui tombe ? Ciao, a prestu !
Et nous voilà partis à l’abri dans la voiture, totalement trempés.
Comment cela « je ne sais pas nager » ? Cet été il faut que vos petites-filles vous prennent en main, allez Simonu, au jus ! 😉
Je ne vais pas me départir de mes originalités Al !
J’en ai quelques unes qui font de moi un personnage singulier, des choses qui n’existent plus de nos jours mais j’ai d’autres qualités, originales aussi 😉