U paridacciu di i ranochjuli !
A l’écart du barrage, une mare envahie par les herbes aquatiques abrite une petite faune bruyante.
C’était la fin du jour, le soleil rasait la mare.
Un coassement rauque et très sonore s’élevait au-dessus du plan d’eau.
On ne savait où donner du regard, le bruit semblait monter de chaque recoin herbeux, quelques ronds concentriques, seulement, trahissaient l’endroit où se postaient les couples.
Une musique quasiment baroque, peu mélodieuse, dominée par des notes graves, très graves, laissait une impression bizarre, quasiment lugubre, peu engageante pour un appel à l’accouplement .
Les mâles étaient rois de la contrée, grognons, patauds, possessifs et dominateurs, juchés mollement sur le dos des femelles, affichaient l’air bête et satisfait du conquérant.
Pas le moindre romantisme dans ce tempo de bassons ou de contrebassons, aucun partage, la prise de pouvoir autoritaire, en apparence.
Les femelles, la voix éteinte, supportaient le fardeau sans gémir, les narines et les yeux juste au ras de l’eau. Elles subissaient l’accaparement macho sans la moindre plainte et sans livrer la moindre note légère, un tantinet aiguë, d’allégresse ou de satisfaction.
Aucune invitation à « encore ! », elles étaient muettes et soumises, me semblait-il.
Une soumission silencieuse, fataliste, à faire frémir la moins virulente des féministes du moment et à faire hurler de rage la plus engagée.
Un chant dramatique de monastère emplissait l’atmosphère, rien d’enchanteur ni de suave n’invitait aux amours batraciennes. Avec ces conquêtes à la hussarde nous étions loin d’une sérénade pour séduire la belle.
Un boucan profane, une sorte de Paridacciu, concert de casseroles et d’ustensiles divers que les gens du village organisaient et infligeaient à des vieux couples recomposés ou à l’occasion de noces tardives entre personnes âgées, en guise de sérénade.
Les grenouilles accomplissaient ce que la nature leur impose, je me suis largement épanché en anthropomorphisme ignorant, presque béat…
Tout ce monde amphibien, loin des états d’âmes humains, hors de mes vagabondages, fussent-ils goguenards ou malicieux, m’ignorait royalement !
Coâ, coâ coâ ! Me lançait le mâle le plus proche, les yeux fatigués, mi-clos, presque endormi…
Ce qui signifiait en langage des mares, un jour de printemps :
Les grenouilles vertes s’en balancent, tu peux tout imaginer à ta guise, cela te fait passer le temps.
Trois « coâ » m’ont suffit pour que je quitte les lieux et vous écrire un mot… 😉
La grenouille verte n’est pas une rainette.
Les histoires de grenouilles ne sont pas les nôtres (quoique 😉 ) mais cela fait un billet sauce Simonu très sympa et drôle.
Quoi dire d’autre lorsqu’on est simonien ? 😉