Comme une éclosion d’éphémères…

Une impression bizarre m’envahit soudain.
Une vague sensation de renaissance comme je l’avais vécue au sortir d’une maladie à un moment de mon adolescence. C’était un début de printemps, je commençais à aller mieux, on avait ouvert la fenêtre qui faisait face à mon lit. Je voyais la colline et le ciel d’un azur tranquille, un air légèrement frais me caressait le visage. J’avais l’impression de revenir à la vie.
Ce souvenir remonta à la surface dès que mon regard fut attiré par des planches, la voile basse, qui s’entassaient sur un coin de la plage.
Des subimagos barbotaient dans l’onde, se redressaient et devenaient imagos comme des éphémères, insectes parfaits après leur métamorphose.
La vie s’agitait sur l’eau, chancelait, se stabilisait puis voyageait tantôt titubant, tantôt la voile haute, se dirigeait vers le large.
Certains imagos chutaient, se couchaient, d’autres filaient pleins de vie.

Ces voyageurs des vagues m’avaient tiré une forte émotion qui me fit frissonner un instant avant que je reprenne mes esprits…
La naissance, l’incertitude, la maladresse et l’envol cheminaient par épisodes. Ils ne vivaient pas tous, quelques uns capotaient définitivement comme la mort d’une bannière et revenaient à la nage.

D’une simple régate dominicale de planches à voiles, j’ai vu le chemin de vie.

S’en allaient au loin…
Encore plus loin…
Des papillons s’égaillaient vers le large…

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