Dans le brouillard entêtant.

Ce texte est une reprise pour ravalement de la façade.

Dans la braise et le brouillard.

Impressions.
Un regard détaché dans une atmosphère particulière où chacun se lâche à la faveur d’un cocktail bien arrosé. En entrant, on s’attend, consciemment ou inconsciemment, à un chamboulement des émotions, à une sorte de tourbillon qui part des tripes, triture les sentiments et perturbe l’esprit. Parfois dérange, brise, emporte ou déstabilise. L’endroit est favorable à l’accélération des troubles de la vie. Quelques fois, c’est la découverte d’un transport jusque-là inconnu.
Mutations, fins d’années, départs à la retraite voilà autant d’occasions de faire monter la température de ses émotions…

L’ambiance était chaude. Tout le monde y allait de son apéro favori. Ça parlait beaucoup, ça criait parfois, ça gesticulait sans retenue, chacun refaisait le monde sans se soucier des exagérations et des étroitesses de vues. Les groupes se réduisaient, les apartés se multipliaient, les coins sombres prenaient vie sous prétexte d’approfondissements alors que l’on faisait plus ample connaissance, que l’on s’inventait des émerveillements pour alimenter les pulsions sensuelles.  Qu’importe la raison pourvu qu’on ait l’ivresse ! C’est alors que la griserie qui trouble les idées et les sentiments irise les émotions.

Une main s’agrippait à un poignet, tenait une épaule, parfois parcourait furtivement un dos, une chute de reins ou s’attardait sur un galbe sous des prétextes fallacieux ou des empathies déjà bien avancées. Des sourires, des attirances soudaines avaient libéré les envies jusque-là contenues.

J’écoutais, sans écouter vraiment ce brouhaha confus qui anime les débuts de soirées censées apporter un peu de relâchement dans la vie ordinaire. Je regardais plus que je n’écoutais. Je regardais ces visages qui viraient au rouge, ces moustaches qui frisaient, ces yeux réprobateurs ou émerveillés qui se prononçaient aux alentours.
Une jeune femme au maigre passé, tirait sur sa cigarette, gesticulait certitudes, assurait et ponctuait ses affirmations en agitant sa flûte de champagne. On aurait dit que mademoiselle était à l’origine du monde, sans doute aidée par quelques bulles de trop…
Dans un coin plus retiré, deux autres se pensant à l’abri des regards, se faisaient les yeux doux, la main à portée de caresse qui frôlait puis hésitait à se promener sur une joue…
Dehors, la nuit avait pris de la profondeur pendant qu’à l’intérieur on perdait la notion de temps. On se serait cru dans une contrée lointaine, proche du pôle où l’atmosphère d’une pièce chauffée au poêle invite à l’insouciance après la traversée d’un froid glacial qui mène jusqu’au blizzard pour faire la fête.

Dans la braise ou le froid.

L’envie me gagnait aussi, d’entendre des mots fous. Des allusions. Je me transportais dans d’autres univers, tantôt dans un château écoutant une belle inconnue me parler de la vie sous sa crinoline. Sans raison, simplement parce que sa raison du moment l’envole, la conduit à la déraison d’un autre moment où la vie se veut folle. Vie qui file à la dérive, vie qui roule ou qui coule à vau l’eau. Tantôt, je gambergeais dans un cocktail plus chaud sur un fond de musique qui masque les paroles et trahit les expressions. Voici des femmes devenues aériennes, totalement libérées qui volent à l’envi et vous chipent sans vergogne. Qui vous prennent par la main et vous conduisent pleines d’autorité visiter leur paradis.

Et puis, je suis sorti dans la nuit calme. Le brouillard dansait devant le lampadaire filant comme la fumée d’une cigarette que l’on souffle brusquement. Le voile diaphane devenu transparent laissait vivre les étoiles qui clignotent à des années-lumière de notre planète.

Je voyageais dans des mondes nouveaux.

Je voyageais dans les galaxies lointaines… Qui sont ces êtres qui vivent sur nos têtes ? Quel est leur langage ? Sur quelles musiques dansent-ils ? Savent-ils que nous sommes ici ? Regardent-ils, comme moi, scintiller le firmament ?

A l’intérieur, on ondoie, on pavane et on courtise à tout va. Chacun semble avoir mis son sérieux au repos. Ce soir, on verra des étoiles. On grimpera bien haut à deux jusqu’à la supernova, à trois peut-être… Demain, le temps sera lourd. Le retour sur terre laissera des traces, il faudra expliquer, s’expliquer… Dommage que passer près des étoiles soit toujours aussi risqué, à se brûler les ailes…

Dehors, le froid et l’énigme… au chaud, le rêve et le frisson, sans cesse le grand contraste de la vie s’anime dans ma tête.

Et toujours l’énigme du temps…

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