Glissades.

Rêver la vie.
La vie est un rêve magnifique que je cultive volontiers. Je m’accommode du temps, météorologique comme celui qui file sans se retourner.
J’adore la pluie, le froid et leurs contrastes, le soleil et le chaud. Sans recherche particulière, tout naturellement, je suis heureux de triturer la vie à pleines poignées, à malaxages continus. Je la serre entre mes mains, elle glisse entre mes doigts, je la pétris, l’étreins… je l’aime, je l’adore. Je la célèbre à la moindre occasion, un rien m’enchante parce que j’y vois des étoiles à tout moment de la journée. Des étincelles dans chaque instant de mon parcours.
Oh ! Je ne suis pas dupe, je sais aussi que ce rêve peut se transformer en cauchemar, un de ces quatre matins. Cela me pend au nez mais je n’y pense pas trop. On verra bien et s’il faut passer par la souffrance, j’irai comme d’autres y sont allés, avant moi.
Ce sera un autre temps et puisqu’il ne cesse de fuir, qu’il s’en fiche, je m’en fiche aussi.

En attendant, j’existe et je suis. Je suis le moment qui passe. Je suis et je le suis, l’essence de l’être comme le suivre.
La vie est belle.
Parfois, un peu égoïste, je balance : « Je suis bien, ici ! S’il pouvait m’oublier, oublier de me noter sur son grand catalogue nécrologique, je ne dérange personne et ne prends pas beaucoup de place, un être paisible, pacifique, parfois facétieux… »
Cela m’amuse de penser n’importe quoi, vous vous en doutez, je ne crois pas une seconde à mes bêtises. En parfait histrion, je fais semblant de croire « Si cette horloge existe c’est qu’il y a un horloger »
(Voltaire disait plus exactement « Je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait point d’horloger »)
Peu m’importent toutes ces suppositions, je me laisse bercer par le caprice de l’agnostique qui doute perpétuellement. Je vais et je viens comme un balancier qui ne sait où il va en explorant son ignorance. Un mouvement vital dans un berceau à bascule qui cherche à m’endormir, à me conduire inexorablement vers le mot fin. Un « oscillement » qui me promène vers le bout d’une histoire parmi des milliards d’histoires banales et dérisoires.
Il m’arrive de côtoyer l’absurde, non par provocation mais par plaisir.

Alors, alors, je regarde, je souris, j’exprime le dérisoire d’une vie. Je découvre et je m’émerveille d’un rien, d’une petite chose qui passe. Je ne cherche plus à comprendre le « pourquoi » métaphysique depuis belle lurette, m’attacher au « comment » que la physique éclaire, me suffit amplement.

Pourquoi le clairon des abeilles existe ? Cela m’importe peu, je n’ai pas de réponse.
Comment vit-il ? cela m’intéresse. J’apprends des choses cachées, qui ne sautent pas instantanément aux yeux du passant qui passe. Il n’y a de science – et de savoir – que du caché, disait Gaston Bachelard mon philosophe préféré et ce caché, je peux le débusquer à la lumière de l’esprit scientifique.

Je regardais ce clairon des abeilles sur une fleur de ciste et je me suis mis à rêver.
En rentrant chez moi, j’ai laissé mon imaginaire divaguer en totale liberté, il sait où aller. Je l’ai suivi, il m’a inventé des choses : « Si on faisait des boucles d’oreilles ou des tresses vivement colorées à nos chefs indiens jumeaux avec ce clairon qui sonne en rouge et noir ? »
Du clairon au calumet de la paix, il n’y avait qu’un pas, j’ignorais l’existence de cet autre versant.

Voilà comment sont nés mes deux grands sachems comanches, peut-être des sioux ou des cheyennes, je n’en sais rien… J’ai pris l’habitude de nommer cette transformation aléatoire, totalement imprévisible, une METAMORHOSE, j’aurais dû la nommer glissade et celle-ci « glissssssade« . Le nombre de « s » correspond au nombre d’interventions effectuées pour découvrir l’autre face des choses.

Je poursuis le chemin de mes rêves enchantés, je navigue entre le rationnel et le magique. La vague où cohabitent réel et irréel me transporte vers l’agréable, bien souvent…

L’imaginaire m’invente plein de vies !

Clairon des abeilles : Coléoptère qui pond ses œufs dans le nid des abeilles sauvages pour que ses larves se nourrissent du couvain (œuf et larves) des apidés.
Clairon des fourmis : Autre coléoptère noir et beige qui pond ses œufs dans les fourmilières pour les mêmes raisons.
Les clairons adultes se nourrissent de pollen, de nectar et de petits insectes qu’ils trouvent au cœur des fleurs.

2 Comments

  1. J’adore l’indien !
    Simonu grand chef de plume philosoviste et poète !
    Hugh ! 😉

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