Chroniques de mon village : le camion.

permisSouvenirs d’enfance.

Il rêvait d’être camionneur et conduisait son Saurer imaginaire sans ménagement. Il accélérait de manière intempestive, freinait brusquement en imitant le bruit du moteur et le crissement des pneus, avec ses lèvres. Son père, assis sur un banc de granit  à quelques pas, sentait bien que la panne était proche. Il le regarda un instant se garer sous la terrasse  forçant sur ses sandales pendant la marche arrière, laissant un sillon déjà maintes fois marqué sur le sol. Lorsque le chauffeur eut claqué fortement la portière de son véhicule, père fit mine d’être agacé par la violence de son geste. Il grimaça, l’invita à s’approcher d’un signe de la main et lui lança : « Toi tu conduis le camion mais les pneus c’est moi qui les paie… »

Ces gens-là tenaient la vie du bout du regard avec l’humour toujours à portée de lèvres et du sourire. Ils vivaient sans geindre, persuadés que c’était à eux de construire leur avenir.

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