Ces chemins par canicule.

Il devait être 14h30, Hélios, Phébus et Râ s’étaient réunis en un seul astre pour cogner au plus fort de leur pouvoir concentré.
Les brindilles crépitaient sous l’effet de la chaleur, le ciel affichait son azur des beaux jours, j’allais sur le chemin, accablé par une chape chauffée à blanc. Un blanc plaqué au sol qui déroutait mon petit compact de poche affolé par des contrastes trop forts. Il ne savait plus modérer les tons entre ombres profondes et luminosité crue. Il cherchait l’équilibre qui compose un tableau bucolique afin que l’endroit n’abandonne son charme.
Il fallait être un peu cinglé pour courir la calabre à défaut de prétentaine.
Mes pas, d’abord alertes malgré le manque d’entrainement, allaient en faiblissant à la faveur d’un tronçon légèrement pentu. Je poussais sur la pédale qui répondait par des ruisseaux de sueur à mesure que la pénibilité devenait plus marquante. Une abondante crue s’ensuivait, inondant ma chemise la plaquant contre ma peau en forte déshydratation… J’allais encore plus vite et plus fort, mon esprit s’envolait dans des rêves d’un autre monde, je marchais et marchais encore sans atteindre l’épuisement.
Ce n’est qu’au moment d’attaquer une forte pente que je calai, cherchant alors un coin ombragé pour retrouver mon souffle. Je devinais mon visage cramoisi, les rides effacées par la dilation qu’imposait la forte canicule.

Encore quelques pas et je m’asseyais sur un banc de pierre sous un tilleul. Une ombre pesante et fraîche s’écrasait sur toute ma personne comme pour me protéger. C’est à ce moment précis que mon esprit s’envola dans le quartier de mon enfance, la Navaggia.
Je revoyais les vieilles dames chapeautées d’une paillette, exposées à un agréable courant d’air. Une brise légère venue du fond de la vallée, leur caressait le visage, envolait quelques cheveux qui flottaient comme une bannière poivre et sel au gré d’un Eole des beaux jours.
Elles effeuillaient les branches du tilleul, emplissant leurs paniers avant de faire sécher au soleil leur récolte de fleurs ailées, d’un jaune encore vif.
Les tisanes d’un hiver au coin du feu se préparaient lors de la récolte estivale. L’histoire se terminait à la veillée hivernale, en faisant chanter par frrrr frrrr insistants, des vagues frottées entre langue et palais pour inonder le gosier d’une tiède et bienfaitrice décoction.
Je venais de retrouver la paix à l’ombre d’un tilleul un arbre chargé de d’histoires anciennes…


6 Comments

  1. Mais…. Simonu ? !
    Beau texte mais quelle idée de partir à cette heure là !!!

    1. C’était volontaire et sans chapeau !
      Je me teste, je suis inoxydable… pour l’instant, mais j’évite les photos et les miroirs qui fâchent…

        1. Alors que Dieu bénisse les innocents de mon acabit !
          Hélas, je suis agnostique !
          Tout va bien, soyez rassurée chère Al ! 🙂

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