Osons la science.

Il faut se rendre à l’évidence, les sciences ne sont plus ce qu’elles étaient dans les classes.
Les mathématiques se sont effondrées, la peur des maths s’est installée de manière subliminale dans les esprits, la discipline serait inapprochable, trop difficile à digérer. De la sorte, on préfère renoncer à comprendre plutôt que tenter une approche louable.
Le sens de l’observation, la découverte, l’esprit rationnel , le raisonnement logique, ont sombré gravement faisant la part belle à l’émotion, l’impression et l’approximatif.
Il faudra tout reconstruire pour avoir des têtes bien faites, des têtes sur les épaules, des têtes pensantes plutôt que bien pensantes.

« La phrase célèbre de Montaigne : « Une tête bien faite vaut mieux qu’une tête bien pleine. » est une reformulation d’une citation de Plutarque : « Car l’esprit n’est pas comme un vase qui a besoin d’être rempli; c’est plutôt une substance qu’il s’agit seulement d’échauffer; il faut inspirer à cet esprit une ardeur d’investigation qui le pousse vigoureusement à la recherche de la vérité ».
Plutarque (traduit par Victor Bétolaud)

L’esprit scientifique qui invite à l’investigation rigoureuse, qui vise « le comprendre », n’est pas inné.
Il s’acquiert avec le temps et les apprentissages. C’est un labeur, une lutte nécessaire pour écarter le prime abord et la vue de l’esprit. La facilité mène à dire n’importe quoi et à croire, en toute bonne foi, que la vérité est au bout de la pensée première, au coin de l’impression que l’on se fait des évènements sans aucune analyse préalable.

L’école doit reprendre, dès les petites classes jusqu’à la terminale, la conquête de l’esprit scientifique en formant sérieusement son personnel. Un personnel convaincu de cette nécessité d’élever les esprits vers la recherche du vrai et faire de ses enfants des hommes et des femmes libres. Des enseignants informés, responsables, à l’esprit clair, qui savent que la recherche du vrai est permanente, jamais finie, que le doute comme l’erreur sont des facteurs moteurs et enrichissants.

Il est grand temps de se pencher sur ce constat accablant, à mon sens…

En photographiant une inflorescence de vesce craque (partie gauche en haut de la fabacée, sur l’image en titre), j’ai découvert cet insecte.
C’était la première fois que je rencontrais cette bestiole.
Comme j’ai l’œil exercé et le sens de l’observation aigu, cette mouche au long cou ne m’a pas échappé.
Insecte girafe ou Mouche au long cou, au cou de serpent, au cou de chameau – selon les observateurs- sont les noms d’artiste.
Dans le lexique scientifique, on parle de Raphidie ou de Raphidia Notata, ce qui me fit dire un jour d’humeur joyeuse :
« Cette mouche no-tata est donc tonton ! »
Voyez jusqu’où mène l’esprit scientifique entre sérieux et dérisoire.
On s’amuse aussi en étant un tantinet scientifique 😉

Il s’agit d’une femelle, on le devine à sa tarière, long tube en prolongement de l’abdomen pour pondre les œufs sous l’écorce des arbres.
Son mode de vie ressemble à celui des coccinelles, que ce soit la larve ou l’insecte adulte, tous se nourrissent de pucerons.
La raphidie doit être protégée, ne soyez pas impressionné par son allure inquiétante si d’aventure, un jour, vous la rencontrez.
Une rencontre qui me semble peu probable sans déambuler dans les champs ou au jardin.
Voici l’image retournée.
Je sortais en courant et, poussant le petit portail, je me suis arrêté net.
J’ai filé pour prendre mon appareil photo.
D’autres personnes sont sorties avant moi, sans voir cet insecte.
Instantanément, j’ai remarqué son originalité.
Il s’agit d’une empuse, cousine de la mante religieuse.
Je n’ose dire cousine germaine car en entomologie mieux vaut en dire moins que trop, on plonge vite dans l’erreur.
Mais là, j’ai le droit de m’égarer un peu car je m’amuse, la découverte me suffit amplement, pour le reste, je suis loin d’un thésard.
Si l’on observe bien ses pattes, y compris les prédatrices (pattes antérieures repliées), on n’est pas loin du crustacé.

Vous voyez bien que c’est passionnant les sciences.
On apprend plein de choses, on exerce le sens de l’observation, on s’intéresse et on découvre le monde environnant.
En plus, on n’est pas obligé de préparer l’agrégation !
Rien ne vous empêche, évidemment, d’aller aussi loin.
Dans ce cas, je vous souhaite bon courage, on a besoin de savants bien plus que de sachants ! 😉

5 Comments

  1. Tout à fait d’accord avec vous, la crise du covid nous a démontré combien l’esprit scientifique a déserté les écoles depuis quelques années et combien il est aisé de retomber dans un obscurantisme moyenâgeux.
    Vos photos sont sublimes !

    1. Elles étaient un peu sombres car je voulais les avoir à tout prix en me précipitant, ce n’est pas tous les jours que l’on tombe sur de tels spécimens. Je les ai donc un peu éclairées.
      Je surveille au jardin, je ferai une observation plus poussée cette année à l’arrivée des fleurs sauvages, j’espère trouver des inédits, pour moi.
      Je m’apprête à une belle aventure entomologique.
      A suivre donc.
      PS. L’empuse était sur une barrière blanche en alu, je ne l’ai pas dérangée, elle a d’ailleurs disparu assez vite.

    2. Si je fais des découvertes avec des insectes pas trop mobiles, qui restent en place, je vais essayer le pied pour l’appareil.
      Je vais voir si la différence avec « à main levée » vaut le coup de se déplacer avec cet encombrant accessoire.

      1. si vous vous encombrez, comme vous dites, vous pourrez en outre prendre de belles rafales ou des pauses longues……. Pensez à la télécommande pour traquer sans en avoir l’air 😉 belle soirée Simonu

        1. Les insectes que je photographie ne sont pas farouches, ils ne me calculent même pas ! 😉
          Je n’ai pas de télécommande ni de fil déclencheur, je m’amuse, on verra bien.
          Bonne soirée Gibu !

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