Les figuiers.

Il y deux ou trois jours, je voyais un reportage sur les figuiers dans le groupe « Arburi et fiori di Corsica ».

Cela m’a donné l’idée de vous faire part de mon expérience.
Certes, mon approche est totalement empirique, j’avais très envie, en revenant dans mon village, il y a 26 ans, de rattraper le temps perdu.
J’ai pris pioches, pelles, serpes et serpes longues (ghjadona, paletti, pinata e rustaghi) pour me lancer, un peu frénétiquement, dans une aventure qui mûrissait dans ma tête de longue date.

L’endroit était maquis essentiellement, ce n’était pas évident pour qui était habitué à manier le stylo.
La volonté sera-t-elle suffisante pour partir à l’assaut de genêts, bruyères, ronciers et Cie (Orticaprina, scoppa, machjona e cumpagnia) je n’y pensais guère, sinon j’aurais capitulé sur le champ.
J’ai créé un jardin pentu, un peu sauvage, difficile d’accès et difficile à travailler en prenant de l’âge mais je suis très heureux d’avoir accompli ce retour à la terre même si je suis loin des vrais jardiniers, aux potagers apprivoisés et plus commodes.
J’avais très envie de ce retour à la terre, j’ai gagné la paix de l’âme.

Venons-en à nos figuiers.
C’était ma marotte, je me suis souvenu du « u ficaghju » (endroit planté de figuiers) di minana (grand-mère).
Je me chargeais de cueillir les plus hautes figues en grimpant sur les arbres. Des fruits que grand-mère faisait sécher au soleil pour nos goûters hivernaux, à la récré. Des noix et des figues sèches dans un sachet en toile confectionné par ses soins et que nous fermions en tirant un cordon à la manière d’une bourse. Chacun avait son sachet personnalisé, le tissus différent de celui des autres. C’était souvent de vieilles chemises d’hiver, solides, qui trouvaient là une deuxième vie.

Figuiers.

En 2018, je plantais deux figuiers, deux branches coupées sur des arbres anciens que j’ai toujours connus dans la vallée surplombée par ma maison.

L’endroit est aride, je n’ai aucun moyen d’arroser, c’est la pluie qui s’en occupe.
La terre est vierge, terre de maquis, je n’ai rien apporté de plus.
Celui-ci n’a pas survécu.
Quelqu’un m’a demandé pourquoi, je l’avis planté de travers.
Vous comprendrez avec les dessins ci-dessous.
Celui-ci s’est débrouillé tout seul et a tenu bon.
Voici comment, je les ai plantés.
Le voici ce matin.
Il s’est redressé.
Il s’intéresse apparemment 🙂
Celui-ci a six ans.
Cet autre est plus âgé.
Le plus grand à droite est très généreux.
A gauche, un autre masqué par le prunier (jauni).
Un à droite, un à gauche, ils sont plus grands que ne l’indique l’image.
A part les petits, évidemment, tous produisent.

Tous ces figuiers sont issus de figuiers locaux, souvent très vieux dont j’ai prélevé un rameau ou réalisé un marcottage aérien.

Le marcottage aérien.

Marcottage réalisé sur pied (aérien).
Sans expérience, j’ai enlevé un bout d’écorce au niveau d’un bourgeon, j’ignore si c’est nécessaire, ça a marché.
J’entoure de terreau maintenu par un film de sac poubelle.
Il existe des méthodes plus académiques, faciles à trouver sur la toile avec des boitiers globes;
Voici le résultat après plusieurs mois.
Dans mon cas ce fut moins d’un an.
J’ai supprimé les feuilles.
J’ai réalisé un pralinage avec de la bouse de vache et j’ai planté.
Je n’avais pas praliné pour le bouturage vu plus haut.

Evidemment, il y a plus académique comme procédé mais je m’amuse dans cette vie.
Je ne suis pas pressé de rentrer dans le « bien fait et les règles de l’art », j’expérimente pour mon plus grand plaisir et si ça marche, je suis heureux, cela profitera aux générations futures.

Vous avez bien compris, je ne donne aucune leçon, je vous parle d’un mode de vie, l’empirisme, mon mode préféré 🙂

Quant à l’état de mon petit figuier envahi par les herbes, que voulez-vous, je vieillis et les âmes secourables ne courent pas les rues.

Cela suffit à mon bonheur. 🙂

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