C’est une histoire qui date de 10 ans.
J’ignore ce qu’est devenue Fabienne, j’imagine qu’elle est perdue dans le temps.
L’histoire de Fabienne dont on a détecté la maladie d’Alzheimer à 42 ans est touchante.
Elle a été diagnostiquée du mal à perdre le fil du temps, dans un hôpital, mais elle n’a été informée que quatre ans plus tard car les services des suivis étaient atteints de la même maladie : le dossier avait été égaré et restait introuvable.
Quatre années envolées ou volées, l’hôpital s’est défendu en déclarant qu’étant donné l’inefficacité des médicaments, rien ne servait de débuter le traitement plus tôt.
Défense sans vergogne et message d’optimisme pour ceux qui commencent la médication.
Fabienne, encore consciente de l’évolution de sa maladie, poursuivit sa vie en nous donnant une belle leçon de courage et de lucidité immédiate. Elle était contrainte au carpe diem le plus strict : « Profite du moment, de l’instant qui passe ». Elle ne pouvait même plus étendre la définition que les épicuriens peuvent encore pratiquer : « Profite du jour qui passe ».
Un jour c’était trop long pour elle.
C’est l’instant de lucidité qui compte. L’avant et l’après immédiats lui échappaient sans arrêt, c’est le propre de l’Alzheimer : voler le temps nouveau. Le temps à peine passé, antérograde dit-on, seul l’instant, au début de la maladie, est encore présent. Un instant douloureux en conscience fugitive, il permet de révéler l’existence de cette cruauté. Juste le temps de l’oublier puis d’y revenir un autre instant mais pas de l’apprivoiser. Les absences, d’abord en points de suspension, s’allongent en pointillés qui s’étalent comme des biiiiips d’une mémoire qui se dégonfle et s’efface.
Fabienne songeait pourtant à son avenir, elle imaginait son futur. Elle se rendait encore chez le psychiatre et l’orthophoniste. Elle ignorait si cela servait à quelque chose : « …si j’arrête, ce sera peut-être pire, pensait-elle. »
Elle songeait à s’installer au Maroc : « Là-bas, quelqu’un pourrait m’aider en permanence… Le jour où je ne pourrai plus rester chez moi, je préfère l’euthanasie ».
De nombreux Damoclès planent au-dessus de nos têtes et leurs épées à trancher les mémoires, ou les vies, ne tiennent qu’à un fil.
Très tôt ce matin, je m’en vais courir le temps, il est encore temps… A ce soir, peut-être…
Carpe diem à vous lecteur !
Une évocation très émouvante et cet arbre sur la photo, symbole de la flamme de vie que votre amie a laissée.
Carpe diem et bonne journée Simonu !
Vous avez écrit un billet très émouvant et si réaliste
Profitons de nos jours qui passent….
Bonne et belle journée à vous Simonu
Alzheimer une maladie difficile à vivre surtout pour les aidants. J’en garde un mauvais souvenir