Sur le chemin de la vie, il y a bien cinquante nuances d’humeur…
Un jour, je m’en irai.
J’ai vu le chemin qui mène vers les cieux de l’autre côté de la clôture.
Une sente en terre battue, un peu fréquentée.
D’abord, on franchit la courte échelle… puis c’est l’échappée belle.
Là, il n’y a personne, c’est le vent qui domine. Il rumine. Il ronfle, ronronne, chantonne ou s’époumone, quelques fois caresse mais pas souvent. C’est une altitude battue par les courants aériens. L’hiver, le froid est vif, l’automne et le printemps sont humides. L’été, je ne sais pas, sans doute la surchauffe. Le chemin qui mène vers les nuages serpente à l’infini, on dirait qu’il hésite à nous dire où il va…
J’ai lorgné vers le sommet, la végétation est basse, épineuse, couchée par des bouffées cinglantes. Eole pousse, repousse parfois, souvent étouffe. L’escalade parait douce, elle essouffle pourtant. On n’en voit plus la fin. Presque comme un Sisyphe sans son rocher à rouler, on tourne et retourne. On contourne, on monte puis on descend sans jamais parvenir au bout du voyage. Toujours en-bas, escalades et désescalades se succèdent sans qu’on sache où l’on va. Des pas, encore des pas pour faire du surplace sans avancer d’un demi pas.
On hésite, on devine le piège…
On croit que c’est facile d’imaginer l’au-delà. On croit, on ne croit pas, personne ne voit.
Sans savoir où, un jour on s’en va.
Dans le ciel, quels sont ces oiseaux qui tournoient ? Qui survolent le sommet ? Ce vol lent, patient, presque concentrique et puis, un à un atterrissent doucement ? Je ne vois pas ce qui se passe, je suis encore trop loin. Alors, j’imagine. Quelqu’un est tombé en visant les cieux. Tombé de fatigue, tombé parce que malade ou trop vieux. Son âme l’a déjà quitté dit-on, les charognards s’affairent, nettoient les lieux. Ils font place nette, d’autres vont arriver.
Perpétuer le sens de la vie et filer vers l’ignorance.
Ce qui se commence se termine toujours… mais la vie continue.
J’ai hésité à franchir la petite barrière. C’était le silence autour, la solitude absolue. Rien, sinon ce même vol silencieux au-dessus des rochers comme une attente. J’ai levé les yeux pour mesurer la distance sans oser m’aventurer sur le chemin. Encore long ?
Sans doute la fin n’est plus bien loin.
Seul, on s’en va vers l’inconnu.
Le chemin est tracé, heureux celui qui croit filer à l’aventure en songeant à une autre prairie.
Heureux qui comme Ulysse, se croyant plein d’usage et raison, pense vivre au-delà des nuages, une suite à ses mirages.
Ce petit chemin est une belle métaphore, très beau teste, Simonu!
Merci Al, c’est toujours encourageant, vos commentaires.
Je redoute le jour répulsif 😉
Non, je plaisante, j’accepte toutes les critiques sauf celles intrusives, vous voyez ?
Je reviens du jardin avec des figues et du raisin et quelques photos dont une de tomate qui m’a inspiré « Solitude », On verra s’il en sort quelque chose.
A bientôt.
Je ne sais pas si sans tes écrits sur la mort et sa suite sur quels chemins j’aurais poussé la pensée sur cette ultime étape.
Merci d’avoir toujours traité la question sans alarmisme, peur ou mélancolie.
Ceci pour le fond.
Quant à la forme, souvent poétique et accompagnée d’images lumineuses elle n’a pas peu contribué à une approche paisible de la question du trépas et de l’éventuel au delà, perspective qui m’est pourtant déroutante.
Bien à toi.
En explorant tous les « possibles », je finis par banaliser, me perdre, peut-être pour brouiller les pistes de l’esprit.
Après, ça va tout seul, sans rien savoir j’y vais sereinement 🙂
Beau texte.
Bonne soirée 🙂
Bonne soirée, merci Gyslaine. 🙂