Le confessionnal et le divan.

Confessionnal et divan, la comparaison est tentante, et pourtant, on n’est pas certain de tomber sur des similitudes flagrantes.

Que cherche-t-on en passant par confesse ou par analyse ?

La paix de l’âme d’un côté et l’équilibre personnel de l’autre.

Une paix provisoire en vidant son sac, à genou devant le tamis d’un confessionnal ; un équilibre définitif espéré, en cherchant l’origine de ses tortures psychologiques au bout d’un long séjour fractionné, étendu sur un divan. Purger ses péchés lorsqu’ils commencent à peser pour alléger sa conscience et faire de la place pour ceux à venir… ou creuser dans son histoire pour soulager un calvaire trop lourd sur son chemin de croix.

Se rendre dans un coin obscur de l’église pour dire ses secrets tordus et les effacer de quelques prières expiatoires au pied d’un saint ou d’une sainte est à la portée de toutes les bourses. Quelques piécettes dans un tronc ou même rien du tout, pour un soulagement garanti…
Combien de pauvres pécheurs ont pensé aux pauvres pêcheurs receleurs de tous les maux des autres ? Ces curés chargés à bloc, connaissant toutes les vicissitudes du monde, obligés de tout garder dans leur sac, bien au secret. Comment font-ils pour supporter ces montagnes de véniels et même de mortels, que les repentants déversent sans ménagements ? Ils ne sont qu’intermédiaires entre humains croyants et Dieu. Ce dernier se chargera de pomper leur trop plein, heureusement pour eux. Combien d’hommes, combien de femmes se sont agenouillés alourdis de péchés et puis sont repartis légers, redevenus saint homme ou sainte femme dans l’âme, avec le pouvoir de recommencer les bêtises, pas que derrière l’église ?

Je vais vous raconter une petite histoire qui circule sur la toile et que vous connaissez peut-être. Ce sera le petit moment interlude, en résumé.

Dans un village, les gens se confessaient et tous avaient le même code pour avouer l’adultère.
« Mon père, j’ai glissé dans la rue et je suis tombé ». Le nouveau curé n’était pas au courant de l’affaire et personne n’avait songé à le mettre au parfum… Le maire se confessait et avouait avoir glissé et être tombé aussi. Le curé lui conseilla de s’occuper sérieusement de ses routes en si mauvais état en lui rappelant que sa femme avait glissé et était tombée cinq fois durant la semaine écoulée.

Se coucher sur un divan qui sait tant de secrets aussi, se creuser les tréfonds de la mémoire, remonter à son enfance jusque dans le ventre et les désirs de sa mère, devant un psychanalyste silencieux qui n’inflige aucune pénitence, est beaucoup plus onéreux… ruineux, même. Cela n’est pas à la portée de toutes les bourses, on n’en connait pas la durée et le résultat n’est pas garanti. Certains, jugent la réussite à la valeur de la somme dépensée ou arrêtent les frais lorsque le porte-monnaie, bien allégé, implore pitié.

Si les procédés ne sont pas les mêmes, peut-on dire que le confessionnal n’est que le divan du pauvre ? En tous cas, une chose est certaine, il arrive, lorsque à bout d’écoute, fatigués de se concentrer sur les maux des autres, confesseur comme psychanalyste finissent par s’endormir. Voilà un point commun. C’est peut-être pour cela, que l’un se cache dans une cabine et l’autre se place derrière son patient pour un roupillon tranquille et bien mérité.
A écouter les maux des autres, c’est en somnolant que l’on oublie les siens.

Finalement, bien heureux, le marabout avec ses grigris, ses enfumages, ses incantations bruyantes pour assurer le retour immédiat de l’être aimé ou la survenue de la fortune. Une fortune qu’il est bien incapable d’attirer pour lui-même et qui va la chercher dans la crédulité des faibles d’esprit.

Ah, tiens une dernière avant de sortir :

Un curé de campagne fait remarquer au sacristain qu’il n’était passé par confesse depuis un bon moment et l’invite à le faire en fin de semaine.
– Dis-moi, j’ai remarqué que quelqu’un boit mon vin à la cave, tu as une idée mon fils ?
Silence de l’autre côté du confessionnal. Le curé répète plusieurs fois… Le sacristain se lève ouvre la portière et dit :
– Vous savez, on n’entend rien de l’autre côté ! Changeons de place, vous me direz…
Le prêtre s’exécute.
– Dites-moi mon père, savez-vous qui couche avec ma femme quand je ne suis pas là ?
Aucune réponse après plusieurs répétitions.
Le curé se lève, ouvre la porte du confessionnal et dit :
– Vous avez raison, on n’entend rien du tout de l’autre côté !

Bon samedi à tous 😉

Le petit plus qui n’a rien à voir :

5 Comments

  1. Jubilatoire ! En avez-vous expédié une copie au Buon Dio, aux psychologues et autres psycho-charlatanistes?
    Pour ma part, je ne me confesse qu’aux doux « tamis » des moucharabiehs que quelques doigts et baisers féminins hantent, qui parfument de jasmin mon âme et dont, parfois, je traverse la matérialité intangible !

  2. J’adore l’à-propos de la photo 🙂
    Peut-être finalement que le confessionnal avait du bon, maintenant certains ont le psy ou certains réseaux sociaux, je doute qu’ils en sortent le coeur allégés vu qu’il y a de plus en plus de fous.
    Vous direz aux zhiboux que la casaque jaune canari leur sied à merveille 😉

  3. J’ai pris du retard à lire vos chroniques ….
    Je n’ai pas encore lu celle que vous m’avez recommandée…
    Pour celle-ci, bienheureuse parpaïote que je suis, s’est toujours directement au Dieu qu’à ses serviteurs 😄😄😄

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