A prendre ou à laisser.
Ces mots inventés sont des petits papiers soulevés par le vent.
Ils n’ont nullement été l’objet d’une mûre réflexion, ils surviennent et s’en vont, d’autres viennent et puis s’en vont aussi, au fil du temps.
J’ai l’impression qu’une multitude de gens adresse des pensées à la cantonade lorsque je parcours mes cimetières imaginaires, en visite aux tombes anonymes.
Ces épitaphes ne sont que questionnements, ces sujets ne trouveront jamais réponse de notre vivant car l’homme est un incorrigible insouciant s’il ne sent danger.
Je vous invite à voyager avec moi pour le plaisir de construire des pensées, des idées comme des feuilles mortes ballotées par le vent.
Les cimetières sont des agoras où les pierres tombales recèlent des réflexions sur la vie. Des traces de vie, des offrandes aux visiteurs de passage.
Ne jamais se méprendre, c’est toujours un vivant qui, à travers un message inscrit dans le marbre, s’adresse à un autre vivant en laissant croire un instant que la pensée vient d’outre-tombe.
S’il existe aussi des contradictions entre épitaphes, elles sont le reflet de pensées diverses au hasard des questionnements sur la vie.
Chacun reconnaitra sa façon de penser.
Epitaphes.
Une liste qui s’apparente à une tautologie, souvent dire la même chose sous des apparences nouvelles.
Je réfléchissais à une épitaphe et pis taf ! La mort est survenue !
Sur l’idée de Dieu, tous les vivants sont des ignorants.
Les défunts savent-ils ?
Le paradis est une oasis d’où on ne revient jamais.
L’enfer est un désert chauffé à blanc, tout aussi inutile.
Visiteur ne te retourne pas, je suis derrière toi.
Si tu te retournes, je serai encore dans ton dos.
On ne voit jamais la mort de face sinon ses prémices,
Ce que tu imagines de l’après n’est qu’illusion.
On ne connais rien de la mort
fors l’absence de l’autre.
Sous cette pierre tombale, je gis,
Sur cette pierre, tu lis les maux de ma vie.
Le souvenir est ma voix d’outre-tombe.
Longue vie est bonne,
Avoir vécu longtemps ne vaut pas courte vie en cours.
Seul le carpe diem vaut pour toi, visiteur.
Maintenant tu sais, file de là et vis.
Le temps n’est pas un furet, il ne repassera jamais par là.
Souvent, épitaphe n’est que recommandation tardive et regrets.
Une leçon inutile car l’expérience des autres ne vaut pas pour soi.
Tout juste un aphorisme à retenir sans jamais l’appliquer.
Une vie ne se calque pas sur les paroles d’un défunt
Ni même sur celles d’un sage.
Si Dieu existe, il sait se défendre seul.
Il n’a que faire de ton prosélytisme et de tes prières.
Si Dieu n’existe pas, il aura été la béquille du croyant.
Une aide charitable autosuggérée.
Si Dieu existe et se montrait aux vivants,
Il créerait une hécatombe.
La majorité des vivants se précipiteraient aux portes des cimetières.
Seuls les heureux et les bien portants prendraient leur temps.
L’idée de Dieu est utile à qui en a besoin.
L’homme nait, vit et meurt.
Parfois vit longtemps,
Mais le temps rappelle que ce n’est qu’un instant.
L’homme nait, vit, vit, vit et meurt.
Un autre nait, vit, vit, vit, vit, vit, vit, vit et meurt aussi.
Qui a le mieux vécu ?
Longueur de vie ne vaut qualité ni conscience du vécu.
Intégrer la notion de temps est la meilleure façon de vivre.
Courte vie, longue vie, le temps compresseur les réduit à néant.
Chercher à comprendre « l’après vie » dans l’ici et maintenant,
n’est que ruine de l’âme.
L’effort qui consiste à essayer de comprendre le « Pourquoi » de la vie
revient à piocher inlassablement dans l’eau.
Un effort perpétuel qui nourrit la question
sans jamais apporter de réponse.
Etre admiratif devant quelqu’un qui eut longue vie, à quoi cela sert-il ?
A renforcer la notion de temps, courte ou longue vie s’arrête un jour.
Verse une larme, lâche un sanglot, s’ils t’échappent,
Ainsi tu pourras rire ou en rire…
La vie se déroule sur le contraste permanent.
Les hommes naissent et vivent comme ils peuvent
et meurent égaux.
Porter une croix sur sa tombe
pour qui l’a traînée toute sa vie
est un comble, s’il aspirait à un bon repos.
Repose en paix.
Jamais souhait ne m’a si bien collé,
Seul mon souvenir peut encore torturer
Mais je n’y suis plus pour rien.
Si la science, par la pharmacologie, venait à supprimer la conscience de la mort,
les enterrements se réduiraient à un acte sanitaire sans cérémonie.
César vint, vit et vainquit…
Puis « mourit », non, mourut !
Le commun des mortels vient, voit et ne vainc jamais.
« Gloire à Dieu, Dieu je viens à toi »…
Pourquoi l’écrire lorsqu’on peut le lui dire de vive voix ?
Parce que l’homme parle à l’homme, jamais à Dieu.
Ici et maintenant vis, l’après tu le comprendras plus tard ou
tu ne sauras jamais rien.
Dieu n’est pas d’ici, il sait ce qu’il fera de toi après.
Dieu est tranquille, il savait déjà, bien avant ta naissance,
le cours de ta vie.
Un Dieu tout puissant et infiniment bon, l’affaire était déjà dans le sac.
Lorsqu’on contient tout, il n’y a rien à chercher ni à savoir.
Aucun croyant ne vit avec l’idée divine plus qu’un agnostique dont le doute est permanent.
Il prie et passe à autre chose.
L’agnostique se promène avec un point d’interrogation au-dessus de sa tête, cherchant à le chasser comme on chasse un moustique qui inlassablement revient à la charge.
Et puis, chemin faisant, je suis arrivé devant ma pierre tombale comme dans un rêve pour découvrir mon credo de vie puis mon épitaphe :
Celui qui a intégré la notion de temps
ne se préoccupe plus du sens de la vie
et se passe de l’idée de Dieu.
Il vit.
Je suis venu, j’ai vu,
et je n’ai rien compris au sens de la vie.
J’aimerais bien refaire un tour,
non pour comprendre, mais pour le plaisir.
Cette promenade dans mon cimetière imaginaire m’amuse, la mort en filigrane est le sel de la vie.
J’aime bien celle-ci:
« Porter une croix sur sa tombe
pour qui l’a traînée toute sa vie
est un comble, s’il aspirait à un bon repos. »
Et sinon revenir pour le plaisir, ben tiens moi aussi et je pense que tout le monde sera d’accord. (et puis imaginez la stupeur des vivants… 😉 )
J’aime beaucoup les dahlias qui pour moi ne sont pas fleurs à cimetière.
Les dahlias ? Je crois que ce sont des chrysanthèmes majuscules 😉
Mes proches ne seraient pas surpris de me voir revenir, ils me prennent pour un extraterrestre 🙂
Bonne suite Al.
Ha oui, à mieux regarder ce sont des chrysanthèmes, la jolie couleur m’a trompée 🙂
Mdrrrrrr on voit que vous ne payez pas à l’unité les lettres qui défilent ! le lobbying des graveurs de pierres tombales ferait fortune avec vous ! merci de la promenade pas si triste malgré le lieu. Bon dimanche Simonu
Chacun a payé sa part Gibu, moi j’hésite pour faire graver de mon vivant, cela ferait un bon repas pour ceux qui restent.
Bon dimanche 🙂