D’eau, bien entendu !
Cela peut vous paraître saugrenu du moins, à complètement déjanté, mais c’est ainsi et sans atteinte cérébrale, sans perte de bon sens, bien au contraire, le bon sens est omniprésent. Vous allez comprendre pourquoi, en lisant la suite.
Il m’est arrivé de passer des périodes d’isolation totale. Le parfait Robinson sans son Vendredi mais avec tous les jours de la sainte semaine. Durant cette solitude plus ou moins forcée, je ne voyais personne et donc ne parlais avec personne. Au bout de quelques jours, je m’interrogeais : « Tiens cela fait un bon moment que je n’ai pipé mot ! » Sais-je encore parler ?
L’affaire peut vous paraître extravagante, essayez donc de vous isoler pendant un long temps et vous verrez que vous vous inquièterez de savoir si avez encore l’usage de la parole. C’est comme tout, sans entraînement, les mots confinés ne savent plus s’ils ressortiront un jour…
Alors pour me rassurer, je me plantais devant une bouteille de Saint Georges ou de Zilia, c’est de l’eau de montagne, pour vérifier si tout coulait encore de source, cela va de soi. Evidemment, je choisissais le grand format d’un litre et demi c’est plus réaliste qu’avec une trente-trois centilitres.
Avec un bébé, on a moins de conversation… Quoique, on peut gazouiller, babiller, zozoter, zézayer… personne ne vous en voudra.
La conversation démarrait ainsi et se poursuivait le plus naturellement du monde :
- Alors Zilia ! Comme ça on reste confinée dans sa bouteille en plastique jusqu’à ce quelqu’un la débouche ? Pas de réponse de la bouteille.
- Allez, dis un mot, j’ai besoin de parler moi ! Toujours rien.
- Tu es sourde ? ou tu es fâchée ? Rien.
- On se boit un coup ! Allez ! Et j’avale un grand verre.
- Dis-moi, ton copain Saint Georges est plus disert ou reste stagnant comme toi ?
- Hou hou ! Tu m’entends ? Toujours rien.
- Allez on s’en glougloute un deuxième ! Ça dessèche le gosier ! Maintenant, j’ai compris, elle ne dira rien, pas de problème, je continue à l’interroger, ça me fait parler et ça me fait du bien.
- Puisque tu ne veux rien dire, je vais te raconter une histoire. Un jour devant un comptoir de bar, une carafe d’eau a fait connaissance avec des doses de pastis, ils s’entendaient comme larrons en foire avec des glaçons qui tintaient allègrement contre le verre. Et le tien et le mien et le sien… les copains sont sortis en tutubant, ils ne savaient plus tituber, en zagzigant, ils ne savaient plus zigzaguer, en se tapant sur les épaules, ils ne savaient plus se tenir. Eau et pastis ça sent bon l’anis, ça se boit facilement mais au bout de l’affaire, mieux vaut aller se coucher que tenter de refaire le monde, il ne bronchera pas d’un millimètre…
Au bout d’une demi-heure, Zilia était presque déshabillée, l’étiquette était partie à force de la tripoter, la bouteille quasiment vide…une grosse envie de pisser me prit.
Je filai aux toilettes en courant pour ne pas tremper le pantalon.
J’étais rassuré, il me restait encore bonnes paroles et imagination toujours féconde… Mieux vaut bouteille d’eau de nos montagnes, pas contrariante pour deux sous, plutôt que grand bavard qui ne vous laissera pas en placer une.
Moralité.
Si vous manquez de conversation, engagez discussion avec une bouteille d’eau de source ou minérale, vous parlerez tout seul à haute voix, c’est rassurant et très intéressant. Toutefois, si vous souhaitez « bâtons rompus et envolées », n’hésitez pas à converser avec de l’eau pétillante et si le spleen vous gagne, ajoutez quelques gouttes anisées… mais pas trop car ça fait dire des bêtises ou ça fait chanter.
J’étais rassuré, je savais encore blaguer…
Dans mon « abracadabrandance » vous n’aurez perdu que quelques minutes de « sériosité » aurait dit un célèbre entraîneur de foot roumain.

Ha ha ha! Ca fait du bien de rire, et votre histoire légèrement anisée a une morale en plus 😉
Vous savez ce qu’on dit: heureux comme un glaçon dans le pastis 🙂
Demain j’essaie avec une saint Georges, c’est ma préférée et tant pis si la conversation est plate.
🙂 Le glaçon heureux, je ne savais pas, mais le pauvre, il signe son arrêt de mort en se noyant puis se dissolvant dans le pastis.
Merci d’apprécier, aussi, ces moments déjantés. 😉
Humour + jeux de mots = plaisir… de lire !
Merci Chatvoyageur, c’est bien ce que je cherche à partager.
Bonne fin de dimanche, ici le temps est maussade, sade, sade ! Triste, triste…
Mais je reste joyeux 🙂
En Normandie aussi ce dimanche est maussade ! (ne pas ajouter qu’on est habitués !!)