A midi j’ai mangé du fer !

Ce matin, j’ai planté des tomates.

Une idée qui semblera saugrenue :
« Alors que l’été tire à sa fin, lui, plante des tomates !
Un curieux personnage » ! Penserez-vous.

Ben, non, j’ai bien planté des tomates, je n’ai pas trouvé d’autre manière de dire ce que j’ai fait ce matin.
J’ai coupé plusieurs tomates mûres en deux et je les ai posées côté tranché contre la terre d’un pot.
J’ai vu cela sur internet, il parait que ça marche. Au printemps, les graines vont germer et de nombreux plants se développeront le plus naturellement du monde. Pas de graines à préparer, pourquoi ne pas tenter, il n’y a aucun risque et cela me fera une nouvelle expérience.

Voici les tomates coupées en deux.
Voila comment les placer.
Il s’agit de la variété noire de Crimée.
Image du titre : le pot mis sous cloche dans un coin protégé à l’ombre.
Je ferai d’autres essais dans des endroits abrités.

Sur la toile, on nous conseille de poser le pot dans une cave durant l’hiver, en prenant soin de le protéger contre les rats.
Je vais tenter l’expérience à l’extérieur en plaçant mon pot sous cloche.
Je me suis souvenu que nous prélevions les plus beaux plants de tomates dans les déjections des porcs que nous élevions dans une porcherie.
En nettoyant le boiton (terme suisse pour évoquer l’habitation porcine), nous faisions un tas dans un coin et c’est là que nous récoltions les plus beaux vers de terre pour la pêche, des lombrics de tailles diverses, très durs, avec une artère rouge bien visible, parfaitement gigoteurs pour affoler la truite carnassière et diverses plantes potagères qui se développaient spontanément sur cet amas de fumier. Les plants les plus vigoureux pour le potager se trouvaient là. Nos parents et grands parents le savaient par empirisme c’est à dire par l’expérience et l’observation suivies sur plusieurs années.

Le moment venu, je verrai bien si ça marche comme je l’ai imaginé.
C’est un retour au cycle ordinaire de la nature et cela me semble amusant à tenter.

En posant mes tomates tranchées, à plat, j’avais l’impression de faire une plantation, certes très en avance par rapport aux saisons… j’ai donc, à tort, suggéré de planter des tomates.
Voilà la raison d’une expression sans doute erronée mais qui me convenait pour écrire ce texte.
Lorsque l’inspiration vous abandonne, il est toujours bon de s’accrocher au moindre espoir d’écriture.

La première idée qui me vint à l’esprit fut de titrer « Ce matin, j’ai planté des tomates » et puis un ancien souvenir est remonté à la surface et c’est lui qui a emporté la mise pour introduire ce texte.

Il y a une quarantaine d’année, je suivais, en rééducation, un petit garçon de huit ans très immature et très retardé dans sa progression scolaire. Nous essayions de rattraper le temps perdu pour le remettre à niveau. Ce n’était pas simple car son immaturité légendaire du moment, le ramenait toujours à côté de la chose visée. Il me promenait si vous préférez.
D’une idée, il me convoyait vers une autre et nous nous perdions facilement sur les chemins vicinaux à raconter et vivre des histoires très éloignées de nos préoccupations. Je le laissais vagabonder car, je me rendais bien compte que le maintenir de force dans nos propos visés n’était pas très opérant. J’étais à l’affût des moments féconds pour récolter les fruits d’une lecture plus assurée et donc d’avancer de quelques pas vers la compréhension d’un texte.
Cela ne l’emballait pas trop. Tel un mustélidé en maraude permanente, il aimait bien musarder dans ses coins préférés.

  • Tiens ! Hier midi, j’ai mangé du fer ! Me dit-il un jour.
  • Tu as mangé du fer ? Nooon (très étonné) c’est pas possible ! Ah ! Tu as mangé des épinards ! (On sait, aujourd’hui qu’il n’y a pas plus de fer dans un plat d’épinard que dans une laitue…) ou alors des lentilles ?
  • Non, non, j’ai mangé du fer !
  • C’est dur ce truc là ! Et tu ne t’es pas cassé les dents ? (Il avait l’habitude de gambader et il m’avait appris à gambader aussi, alors nous sautillions ensemble)
  • Non, c’est mou ! Très mou ! C’est de la crème !
  • (A ce moment précis, me revint à l’esprit une pub très en vogue à ce moment) Ah ! J’ai compris, tu as mangé du Fair ! Ça y est, c’est sûr ! (Nous en fûmes quitte pour une petite le leçon d’orthographe pour distinguer les homonymes).
    Vous voyez bien qu’il me promenait à sa guise ! Et moi, déconnecté de la réalité, je le suivais. Il faut préciser que je savais que je finirai par le guider sur le bon chemin, alors ce n’était pas temps perdu mais temps utile…

Bon ben, ce matin, j’ai planté des tomates ! Cela n’a rien à voir avec l’histoire du fer mais je crois bien que je ne me serais jamais souvenu de cette vieille affaire ferrugineuse en l’absence de fer, sans cette phrase du jour quelque peu abusive.

C’est pas bien grave, cela m’a permis de vous raconter ce passage amusant 🙂
Pas vrai ?

De la sorte, chère lectrice (teur le moins souvent) nous avons gambadé aussi ! 😉

6 Comments

  1. Et rien de plus plaisant que de venir gambader sur vos pages!
    Une année la gouttière de la maison où j’habite était cassée à environ 3 mètres du sol. Un jour j’ai vu apparaître dans la fissure de la gouttière des feuilles bien vertes… C’était un plant de tomates provenant de graines qui étaient passées dans la tuyauterie de l’évier. Cela a donné de minuscules tomates en quantité, à tel point que les touristes les prenaient en photo. L’année suivante, ce plant, très inexplicablement a donné encore quelques tomates.

    1. Vous me donnez l’idée de raconter l’histoire des violettes.
      C’est le même principe.
      Merci, peut-être demain (?)

  2. Quand j’ai quelque chose en tête, j’ai du mal à l’évacuer tant que je n’ai pas trouvé de sortie.
    J’y ai pensé un bon moment avant de m’endormir et je n’ai pas trouvé d’angle qui tienne un peu de longueur. J’ai eu beau tourner dans tous les sens, en brodant, cela me semblait bancal.
    J’allais abandonner et voilà que vous me relancez.
    J’ai à travailler au jardin à la fraîche matinale, je verrai après.
    Je trouverai bien un trou de souris… Bonne journée. 🙂

  3. Ah ! Si l’école primaire d’aujourd’hui se préoccupait un peu moins d’encyclopédisme au même rythme pour tous, plus de graines viendraient à maturité.
    Hélas l’élite académique dicte nature, quantité et rythme de la marche sur les capacités de ses rejetons « d’élite ». Qu’on ne s’étonne pas qu’ayant ainsi tiré la couverture à elle, elle laisse trop de plantules s’étioler et renoncer à la course à l’impossible faute des soins adaptés.
    Mille pardon, je dérive encore une fois.
    M’en vais retourner au jardin suivre tes conseils en silence.

  4. Cher Gaëtan, j’y reviens, du jardin.
    Il est 9h 11 et j’ai préparé une grande planche pour planter petits pois et fèves début novembre.
    J’ai médité en piochant et ratissant, une vieille histoire m’a fait sourire, je vais la reprendre.
    Le bonheur est dans le jardin, il vous parle encore d’avenir, on traverse l’hiver , on sourit au printemps déjà, alors que l’été est encore là 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *