Ma fête nationale.

Tout peut arriver et cela arriva.

La veille du 14 juillet, Antoine, mon ami, a organisé une rencontre avec Erik Orsenna. Cela faisait un bon moment qu’il y pensait et il y tenait beaucoup.

Une grande complicité.

Ce fut donc mon jour de gloire.
Ce n’est pas tous les jours que l’on peut converser à bâtons rompus avec un académicien à la simplicité académique.
Un homme à l’écoute, très attentif et à la réaction spontanée sans aller chercher dans les tréfonds d’une analyse tarabiscotée.

J’avais devant moi, un homme sans habit vert, souriant, parfois riant, dont les yeux semblaient s’évader, à l’occasion d’une anecdote, dans un autre univers.

L’écrivant à sauts et à gambades que je suis pouvait à sa guise converser librement avec l’écrivain reconnu et homme de Coupole de surcroit.

De quoi pensez-vous que nous devisâmes ?
Ben ! Des choses de la vie et plus précisément des choses de ma vie.

Oh la la ! J’ai bavardé tant que j’ai pu, sans parvenir, évidemment, à vider le dixième de mes possibilités.
Vous connaissez ma logorrhée, eh bien, j’aurais pu m’épancher davantage mais ce n’était plus raisonnable.

Il m’arrive de rester reclus plusieurs mois dans mon Aratasquie sans voir personne. Le premier qui se présente « paie » pour tout le monde, je rattrape, avec lui, tout le temps perdu à ne rien dire.

Vous imaginez si j’étais content !
Que l’homme du dictionnaire perpétuel accepte de rencontrer celui du vieux dictionnaire de Denise, un dico du début du siècle dernier sur lequel j’ai appris le sens des mots, ne m’avait jamais effleuré l’esprit.

(J’avais quatorze ans, voyant que je galérais avec la lecture, Denise m’avait offert en cachette un dictionnaire usé, corné à souhait, dérobé à son frère. Je l’avais caché sous le lit et le compulsais tous les soirs avec une lampe de poche, sous le tipi de mes draps.)

Ce fut donc une belle rencontre, ma fête nationale, vingt-quatre heures seulement avant celle de tout un pays.

Je vous remercie cher immortel Erik Orsenna, d’avoir écouté avec autant de gentillesse et d’attention, un homme qui s’amuse avec les mots…
La difficulté originelle avec le lire a fait de moi un inconditionnel de l’écriture en liberté.
Un va et vient de mots qui s’inventent à l’odeur, au parfum, à l’arôme ou au fumet du jour…

Hier c’était odeur de feu d’artifice !

8 Comments

    1. Je pense aussi, ils n’ont pas besoin de s’habiller d’artifices… C’était parfait pour moi.
      Bonne journée.

    1. Pas grave Dominique, ce n’est même pas du chapardage.
      Je sais que vous les avez dits aussi, en dénonçant le « vol » 🙂
      Bon 14, moi c’était hier ;-).

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