Du clairon des abeilles aux grands sachems.

Le promeneur distrait, comme celui du dimanche, est un passant qui passe, dirait un humoriste. Il ne voit rien ou voit très peu de choses alors que sous ses yeux le grand monde de la petite faune sauvage grouille.

Il existe un nombre incroyable de petites bestioles que nous négligeons, auxquelles, parfois, nous jetons un œil étonné bien plus que curieux.

Qu’est-ce que c’est ce truc-là ? T’as vu ces couleurs ?

Et puis on file. Tout le monde n’est pas entomologiste, ni même intéressé par ces êtres rencontrés au hasard d’un ciste, d’une bruyère ou d’une férule et qu’on ne verra peut-être plus jamais.

Sur une fleur de ciste blanc.

Le clairon des abeilles qui figure sur l’image d’entrée de texte se promène sur une ombelle de persil. Il est en quête de bêtes minuscules que nous ignorons parfaitement. Il se nourrit également de pollen. Cela résume à peu près sa vie d’insecte fini.

Le trichode Apiriasius (son nom scientifique) pond ses œufs soit à proximité d’un nid d’abeille sauvage, soit dans sa galerie. Ses larves rouges se nourriront de celles de l’abeille. En voyant ce coléoptère que les anglais nomment « scarabée des abeilles » et d’autres à tort parait-il, « loup des abeilles » – il ne les attaque pas – on ne se doute pas de son mode de reproduction si particulier.

Abeille sauvage, solitaire, dite longicornis (à longues antennes).

Il existe une autre variété nommée « clairon des fourmis » dont les rayures sont noires et blanches, les « épaules » brunes, qui procède exactement de la même manière en pondant dans – ou près d’- une fourmilière. Il vit sous les écorces des arbres.

Au printemps, lorsque je pars à la chasse aux images, je découvre un nombre incroyable de bestioles que le commun des flâneurs ignore royalement. Le cliché sous les yeux, je m’informe pour en connaître le nom et le mode de vie. C’est une seconde nature, mon regard devenu scrutateur se plante facilement vers le moindre frémissement. C’est là que je déniche mes plus étonnantes images. C’est un plaisir réel, une découverte perpétuelle que j’immortalise en cliquant.

En pratiquant mon récent jeu « Métamorphoses », je me suis amusé avec un clairon des abeilles. Dans ces moments, mon regard plus ou moins scientifique s’évade vers l’imaginaire. J’observe la transformation qui s’effectue sous mes yeux, avec grand plaisir. Plein d’apparitions surviennent, insatisfaisantes, ne montrant rien d’original, elles me poussent plus loin encore dans mes explorations. Je m’éloigne de l’image originale à mesure que les transformations s’opèrent. L’idée étant de parvenir à une autre image totalement différente. Il n’existe aucune piste préalable dans mes intentions, j’évolue en mode aléatoire, je cherche simplement à éliminer tout indice qui permettrait de reconnaître la photo de départ. Parfois, chemin faisant, je découvre une idée intéressante et dans ce cas, je ne m’embarrasse plus de savoir si un indice va trahir ma création. L’idée nouvelle prime et s’impose, la recherche se termine là. Si je suis satisfait de la production, je ne me préoccupe plus des indices visibles. Je ne montre jamais l’image de départ, je le fais ici, dans ce cadre pour donner une idée de ma démarche et puis… c’est tout.

Voici le résultat obtenu en partant de l’image du clairon des abeille sur la fleur de ciste blanc.

Les deux grands sachems jumeaux semblent satisfaits de la trouvaille. Si j’avais poursuivi ma démarche, je serais parvenu sur une autre idée totalement différente. Les élytres du clairon sont devenues des boucles d’oreilles ou des longs pompons si vous préférez.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *