Surprendre les enfants…

Il faut vivre avec son temps. Je sais. Le mien date du siècle dernier, ça fait très ancien de le dire ainsi. C’est une manie de vieux et cela le restera à travers temps.

On ne joue plus aux billes, ni à la marelle. On pianote sur une tablette, on s’émerveille devant un écran, on rêve de pixels et de mégaoctets, d’exaoctets, de yottaoctets… que sais-je ? Toute une escalade vers une puissance toujours plus grande et la surmultipliée.

Devant nos yeux, la nature poursuit la ronde des saisons à son rythme habituel sans échapper à quelques dérèglements qui vont nous retomber sur le nez.

Ici, on vit les jours qui passent, on salue printemps, été, automne, hiver, dans leur originalité. On écoute le vent, on regarde la pluie et le brouillard à travers vitres, on file avec les nuages, on imagine les jours qui passent.

Ce midi, les petites filles seront là. La semaine a été arrosée, le vent a volé dans les branchages emportant les feuilles au loin. Le sol est jonché de noix par dizaines. De très nombreuses coques sont vides, percées avant de choir. Est-ce une maladie ? Est-ce un oiseau piqueur qui se nourrit de cerneaux ? Je n’en sais rien. Il n’y a pas d’écureuils par ici, on dit que ce sont des petits rongeurs, mulots ou campagnols.

Hier, j’ai vu le pic épeiche qui fit escale sur le poteau électrique, quelques secondes seulement puis il a foncé sur le noyer. Il était déjà à table mais je n’ai pas eu le temps de le photographier. Il est très méfiant, à peine eus-je tiré discrètement le rideau de la fenêtre, il a plongé au fond du jardin.

J’imagine que les petites filles seront heureuses de faire la découverte, la cueillette sera bonne. Nous aurons le temps de parler du noyer et de ses fruits, ce sont les derniers que nous récoltons dans le jardin, la saison fruitière avait débuté au temps des cerises.

Une petite leçon de chose n’a jamais fait de mal à personne même si l’idée date du siècle dernier. Les choses de la vie n’échappent guère à ceux qui font usage de leurs sens, c’est peut-être la meilleure façon de voyager sur terre, on n’y passe qu’une fois, c’est grand dommage de méconnaître l’essentiel.

Je leur dirai quelques mots, je leur raconterai l’histoire de la tortue et du hérisson qui s’éclatent dans la nuit agitée. Ils sont insouciants et profitent de l’automne naissant pendant que nous dormons à poings fermés et que les enfants rêvent du dernier écran que le Père-Noël ne manquera pas de poser au pied du sapin…

Il faut vivre avec son temps. Oui, je sais.

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