La chasse aux images fut maigrissime ce matin. Rien, je n’ai rien vu. Tout est calme, l’atmosphère est déjà chaude, rien ne bronche. Pas un insecte aux alentours. Des toiles d’araignées, un peu partout, arrimées aux brindilles sèches et puis c’est tout. Seuls, les arachnides semblent profiter de cet état de désolation et attendent une vibration de leur toile pour aller voir l’imprudent qui fait du trempoline. L’attente risque d’être longue, l’endroit est désert, pas même une fourmi, les coccinelles sont en vacances et les punaises gendarmes totalement invisibles… Le papillon a disparu.
Le jardin est cuit. Les tomates sont brûlées, la canicule dont on annonce le retour va sans doute les achever. La maladie semble omniprésente, envahissante, le mildiou et l’oïdium sont les principaux attaquants. Le champignon microscopique prospère et étouffe tout sur son passage.
Les plantes sauvages sont farineuses. Elles ont le teint poudreux et blafard. On dirait que l’attaque fongique est généralisée. Les fleurs de la clématite vitalba ont une durée de vie très limitée. A peine épanouies, elles sont fatiguées, tristounettes, très vite à l’agonie.
Le roncier, d’ordinaire si vigoureux, fait triste mine. La corolle des ses fleurs est pâle et les boutons en retard d’éclosion sont pruineux, bien plus que les autres années. Les mûres vont être petites en fin d’été, moins pulpeuses et les graines trop présentes. Vitalba et roncier en ont vu d’autres et s’adapteront, leur système racinaire est bien implanté.
J’ai vu la fin des temps joyeux au jardin. Je crois que la désolation sera plus commune, reconduite d’année en année… Le prunier, pourtant bien fleuri au printemps, n’a rien produit. Juste deux ou trois drupes vite malmenées par le geai qui semble avoir déserté l’endroit, lui aussi. Certains plants de tomate ont fleuri maigrement et aucun fruit ne s’est développé. Il n’y a que des feuilles fatiguées et quelques fleurs qui éclosent au sommet. Espérons une fructification tardive…
Triste musique des temps chauds qui s’annoncent encore plus chauds dans les jours à venir. Ça va bouillir sous la casquette des jardiniers…
Beau texte mais sombres présages.
D’autant plus sombres que tu n’es pas enclin au catastrophisme mais entreprenant. Ce dernier trait de caractère manifeste la confiance dans les récoltes futures.
Sombre aussi car tu sais lire ce que la nature nous dit à bas mots du lendemain.
Allons. Allons voir ce que l’on pourra faire alors.