Le droit de vivre…

Et de mourir.

Fleur d’althéa. Mi-floue, mi-nette…
(Cliquez sur les images)

Avec le vieillissement de la population, les dernières années sont plus souvent confrontées aux maladies ravageuses. Des personnes finissent leur vie dans des conditions inacceptables et parfois inhumaines.

La question qui tue, certes déjà mille fois posée, se fera plus pressante. Faut-il codifier l’euthanasie ou faut-il continuer à lutter coûte que coûte pour maintenir une personne en état de survie et de souffrance ?

Le débat est lancé depuis belle lurette mais peine à avancer. La morale, l’éthique personnelle et la déontologie médicale, comme les croyances sont des obstacles très résistants. Il est impossible d’en faire abstraction, bien au contraire ce sont les freins suprêmes. Il va falloir du temps, beaucoup de temps pour établir un code qui satisfasse, du moins, ceux qui ne souhaitent pas se retrouver dans un tel cas de figure en fin de vie.
Sans doute, les dérives et les effets pervers sont à craindre au premier chef. Reste à définir lesquels pour ne pas s’embarquer dans une aventure inconsidérée, insuffisamment réfléchie sans tomber dans la palabre. Pourtant, cela semble réalisable que chacun fasse un vœu écrit au cas où il ne serait plus en mesure de donner son avis une fois trop affaibli par la maladie.

Le problème posé n’est pas simple. On a l’impression de piocher sur la dune d’un désert, le sable rebouchant sans cesse le trou que l’on essaye de creuser. Les arguments sont légion pour freiner la réflexion et les plus nombreux conduisent à garder les choses en l’état. Plus on analyse, plus les arguments retournés dans tous les sens retombent au fond du trou.
L’euthanasie est un terme trop connoté, sec et abrupte. Il se résume dans l’esprit collectif à « donner la mort » alors qu’il abrège des souffrances. La mort surviendra inéluctablement. On a supprimé des mots du vocabulaire courant, on pourrait faire de même ici, en remplaçant ce vilain mot par « droit de s’en aller sans souffrir davantage » concentré en un vocable qui reste à inventer. A quoi sert la poignée de jours ou même de mois vécus dans la souffrance ? Chacun devrait pouvoir dire « Stop, je n’en peux plus de voir souffrir les miens en même temps que moi ».

Des philosophes, des médecins, des politiques, trop de gens que l’on dit sages ont tant cogité pour une maigre avancée. Cette affaire, si j’ose dire, « que l’on pense barbare parce qu’elle n’est pas de notre usage »,* n’avancera que le jour où l’on cessera les réflexions philosophiques et morales des autres à l’endroit d’une personne. Lorsque la société admettra que l’individu doit rester le seul à juger par avance, ou sur la période douloureuse, de continuer ou de dire que cela suffit.

Chacun devrait rester maître de sa vie en choisissant de partir lorsque la maladie a pris possession définitive de son corps. Si un humain n’est plus aux commandes de sa vie, il n’a plus de vie propre, il n’est plus libre de ses choix. Sa personne devient chose, chose entre les mains des autres. Une personne qui existe mais qui n’est plus, dans le sens où l’existence est entité visible et l’essence conscience de vivre et d’agir.

Pour ma part, j’aimerai bien avoir le droit, non pas à l’euthanasie mais le droit d’autrepasser de passer dans l’ailleurs. Mieux encore, je me souviens dans mon enfance, quelqu’un de ma famille disait un jour de pluie en arrivant trempée à la maison, « Ça trapasse » (L’eau traverse le tissu). Ce verbe me plait bien, plus qu’être euthanasié, je préfèrerais « Trapasser » et non trépasser. Traverser le voile qui sépare vie et trépas.

Passer de l’autre côté de la vie, passer outre la vie, personne ne sait rien de l’outre-tombe…
Et, dans ce doute, mieux vaut ne pas s’abstenir plutôt que souffrir inutilement jusqu’au dernier souffle.

*Pensée de Montaigne qui équivaut à : »Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà » de Blaise Pascal.

Fleurs de myrte au petit matin.

 

 

 

 

Grosse fleur de clématite bleue en fin de vie.

1 Comments

  1. Avis amplement partagé pour avoir vu-impuissante- souffrir ceux que j’aimais, pour avoir entendu mon père réclamer en vain ce droit et entendu ma mère jusqu’à son dernier souffle déclarer  » Les hurlements de ton père ne me quittent pas, ils sont imprimés dans mes oreilles ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *